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génie antique ; jamais avec eux la suprême
perfection physique et morale de l’homme
lie pourra s’y élancer , tant qüè nous
Végéterons dans des entravés avilissantes ;
é’ést par Toïgueilleusè' audace , c’est par la
fière indépendance du talent qui doit tout
espérer dans les goùvèrnemens vraiment
grands et magnanimes. Quand on placera
le génie sur le trôné des ro is , ët au rang
des dieux ; quand l ’immortalité sera le garant
de ses efforts , et non pas les abjectes
rétributions de l’opulehce, on verra s’élever
avec splendeur de nouvelles Athènes (1),
«on verra comme autrefois j l’indomptable
Rome, cette veuve éplorée d’un peuple-roi,
sortir de la cendré des tombeaux. L ’aine
s’agrandit et sé proportionne à Cés augustes
moissons de gloire 5 elle së flétrit, elle se rétrécit
, elle se souille eh mercenaire avéc
i ’or* elle rampe eh eSclaVe afecle despotime.
peuples aviîis qui n’àvez payé qü’àVèc l’ôr
té qüi éstihapprééiâble ,’les talehs, îë^énie,
là vertu , VOùs h’attrez désormais plus rien
& solflër ! jamais l’intérêt ’tfâ fait uti grand
honime. Etôit-ce; de l’or que les athén^eni
(1) Mengs, Pensées sur la peinture, p. ï i 5 ; et c’est
wà bon peintre qui pense cela.
tel les romains donnoient à leurs illustres
concitoyehs ? Les ont-ils stipendiés comme
de méprisables valets V O combien de ré*
compenses étoient plus précieuses que tous
les trésors de l’Asie vaincue ! Cette simple
couronne de feuillage décernée par un peuplé
immense ; ces trophées publics , ces statues,
ces inscriptions simples et glorieuses, exposées
au regard de F univers ,, cés éloges re-
tentissans dans toutes les bouches /aVec les
accens de la poésie et de la musique , et
fous ces sentimens d’admiration et dë re-
connoissance gravés dans les coeurs ; quels
prix, et quelles vertus ils ont immortalisées !
Malheur à l’amê cadavéreuse qui n’est pas
emüe d’une telle gloire ! ‘
Comment nq voit-dh pas que l ’argent ne
peut être la récompense des taïens et des
vertus, puisque tant de scélérats sur la terre
ont d’immenses richesses ! Si vous donnez à
Fàppât du gain, ,* à un métal, le 'même prix
qu’à la vértu, il suffira d’être opulent pour
être vertueux ; dans peu, l’or tiendra lieu
dé tout ; le reste ne sera plus" riep sans lu i,
puisqu’avéc lui, seul, on aura tout, et que,
variant à son gré l ’opiniohl il ' cîoit bientôt
devenir lé s.ppr'êmé dispensateur dé* tout.
Tel est le déspotismé.
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