larmes qu’il fait répandre, des soupirs qu’il
fait exhaler ? Sera-ce dans les contrées dévastées
par la superstition , cette hideusè
harpie qui corrompt tout ce qu’elle touche,
qui recouvre de sa fange le flambeau de l’intelligence
, qui s’arme du poignard du fanatisme
pour en frapper la sage philosophie
dans l’obscurité? Les Muses fuient ces affreux
empires (1), pour s’établir à l’ombre
des lois justes, dans les lieux qui voient
Heu rir une douce liberté ; c’est ainsi qu’elles
trouvèrent jadis leur patrie dans la Grècé
et l’Italie, et qu’ellés se sont répandues dans
presque tous les états de l’Europe. L’Islande,
iïn instant sagement administrée , lès vit
éclore dans les siècles de barbarie èt de férocité
qui tyrannisoient l’Europe ensanglantée
, sous le glaive des Iluhs et des
Vandales.
Toutes les régions de là terre ne sont
donc pas susceptibles de produire le même
degré de perfectibilité chez l’homme qui les
habite* soit que leur constitution s’y oppose,
soit que des causes étrangères ÿ fassent fer- (i)
( i) Cette remarque n’a point échappé au grammairien
Longin , Traité du sublime, e. 9 \ elle s’est confirmée
depuis, d’une manière incontestable*
menter des levains corrupteurs , ou sappent
Jes fondemens de cette noble émulation qui
embrase le coeur de l’homme civilisé , et de
cet orgueil qui rend les peuples rivaux.
Douces températures , vous êtes les demeures
hospitalières du bonheur social» des
muses compagnes d’Apollon, et des beaux
arts, vrais enfans du soleil ( 1 ) , et de la
fécondité de la terre !
Chaque extrême présente,des défauts inevitables
pour l’homme qui . les habite. Les
fleurs du génie se fanent et , se dessèchent
sous les ardeurs du ciel d’airain de l’Afrique;
elles ne peuvent s’épanouir dans le séjour
des frimât^ du nord. L’insupportable faix
de la pusillanimité , de la domination arbitraire,
de la superstition qui écrase l’équatorial,
entrave les élans de l’arae. La marche 1
(1) Lés anciens , qui rendoieht tes Muses compagnes
d’Apollon, c’est-à-dire, du Soleil, montrent combien
les grecs étaient persuadés de son influence sur elles.
Cette allégorie est très-belle^ et n’a point été aperçue
des commentateurs qui feéôîént mieux dé s’instruire
en physiologie , que d’argumebter et subtiliser sur les
•termes. Tout le, monde peut s’aperéevoir de 1 action
de la chaleur sur l ’arae, en comp^tant son .état moral
en été et en hyrer. J’ai-vu des hommes d’esprit devenir
fous en é té , comme les célébrés Milton, le Passe, etc.