324 HISTOIRE NATURE LEE
l’os hyoïde , sera un obstacle au langage
articule.
On a dit que le sauvage aveyronais étoit
sourd ( 1 ) ; mais on n’a pas lait attention
qu’il entendait fort bien tout ce qui est en
rapport avec lui , avec sa nourriture, sa
conservation, son bien être. Ainsi une noix
qu’on cassé derrière lui, un chien qui aboie
sans qu’il le v o ie , une porte qu’on ouvre
pendant l’obscurité , sont très-bien entendus
de notre jeune garçon ; mais iqu’on parlent
qu’on. crie, qu’on chante, qu’on, fasse de la
musique, qu’on lui adresse la parole, qu’on
l ’assourdisse à ses oreilles, comme je l’ai fait ,
i f n’y prend pas garde ; il n’en marque aucune
surprise, sur - tout s’il est occupé à
manger; il ne se soucie nullement de tout
ce qui ne lui fait ni bien ni mal. 11 ne pa-
roît pas,entendre, ét ne se dérange jamais
pour toutes les, choses qui lui sont étrangères.
C’est que son ame se porte toute en*-
tière dans les objets dont il s’occupe.
L ’on a appris à notre sauvage à donner sa
main lorsqu’on la lui demande par signe ; •
•• (1) L e sauvage hanovri en ayoit une ouïe extrêmement
délicate. Breslauer samml. suppl. 4 , yersuch. 35
P- 507.
mais il ne fait que la passer dans la vôtre,
machinalement, sans vous regarder, sans
savoir pourquoi, et il la retire aussitôt.
Il est certain que tous les individus dé-r
laissés et devenus sauvages, ont préféré leur
vie agreste y exeéssiveinent rude et désagréable;
et leur indépendance, aux douceurs
de la société et aux biens qu’elle procure (1).
Tous cherchent à s’échapper, j usqu’à ce qu’ils
soient entièrement dénaturés dans les entra
ves^dé la civilisation. Lejeune aveyronais,
à cet égard, ne le cède à aucun a u t r e le s
tentatives qu’il a faites souvent pour s’enfuir ,
en sont les‘ preuves. La seule chose qui
puisse l’apprivoiser, est l’abondance de la
nourriture ; on ne peut domptèr son ame
indépendante, que par cetté unique voie.
Tout ce qu’on donne à notre sauvage pour
qu’il s’en nourrisse , tous lès alimens connus
ou inconnus qu’on lui présente, il les flaire, 1
(1) L a champenoise. Racine, fils | Poëme de la reli-
.gion, fri 5o5 ;‘ et H . . . t } Hist. p. 9 et sq. Tulpius,
Obs. med. p. 297, l’assure de même dujeune irlandais.
Rzaczinsky, Polon. p. 555. Tylhowshi, Physic. curio,s.
part. 8 j Ife témoigne aussi du jeune ursin. Connor,
JEvang. med. p. i 55 , de niême. Camerarius, Hor,
fiubcesiv. cent. 1 , cap. 75 , p. 5/f5, l'affirme aussi pour
ceux qu’il a vus , etc. T. J. Roitsseaii rapporte un