3. Les cristaux de feld-spath qui ont pour support
des roches differentes de celles qu’on a appelées
proprement granitiques ou porphyritiques, sont
surtout ceux qui ont porté, pendant long-temps,
le nom de schorls blancs. On trouve de ces derniers
à Barège et à la balme d’Auris, dans le ci-
devant Dauphiné, sur une roche argileuse, où ils
accompagnent, suivant les localités, l’amiante, l’é-
pidote, l’axinite, etc. C’est apparemment cette
différence de gisement avec le feld-spath des
granités, qui en aura imposé aux naturalistes, sur
la nature d une substance qui présente si visiblement
les caractères du feld-spath, relativement à
sa structure, à ses formes extérieures et à sa fusibilité
(i); et ce qui paroîtra singulier, c’est de voir
qu on ne séparoit le feld-spath de sa véritable espèce
, que pour le confondre, sous un nom commun,
avec ces cristaux d epidote et d’axinite ( schorl
vert et schorl violet ), dont l’association sur une
même roche avec le schorl blanc, devoit rendre
plus parlàns les contrastes qui indiquoient leur séparation
dans la méthode.
4. Les cristaux les plus volumineux de feldspath
qui ayent été encore observés, et dont quelques
uns ont douze centimètres, ou environ quatre
( 0 Voyez les mém. d e l’Acad. des Se. , an 1784, p. 270,
et ma lettre au Cit. Lametherie , journal de phys. , 1786,
p . 63.
pouces et demi de longueur, proviennent, les uns
de Baveno, les autres du Mont Saint-Gothard, On
en trouve aussi de très-petits, qui n’ont pas deux
millimètres, ou | de ligne de longueur, entre autres
parmi ceux de la variété dite schorl blanc.
Les cristaux du Saint-Gothard sont quelquefois
mélangés de chlorite, qui les colore en. vert, et
donne à leur surface un aspect micacé. Cette couleur
ne doit pas être confondue avec celle Ru feldspath
de Sibérie, qui est répandue uniformément
dans la masse, et paroît due au fer. J’ai reçu du
Cit. Jurine, de Genève, un cristal de ce feld-spath
ehlorité, d’environ un centimètre de hauteur, dont
la forme, parfaitement régulière, appartient à la
variété binaire.
5. Le feld-spath opalin renferme quelquefois des
grains de fer attirables. Mais M. laguersen, savant
danois, a observé, au Hartz, près dès-rives du
Barenberg, au couchant de Schirke, village du
canton de Wernigerode, des granités dont le feldspath
, qui est d’une couleur rougeâtre et d’un
tissu peu lamelleux, fait la fonction d’un véritable
aimant (1). Si l’on détache une parcelle de ce feldspath,
et qu’on la fasse flotter sur l’eau, on la
voit se porter vers l’extrémité d’un barreau aimanté
qu’on lui présente, dans le cas où les deux
(1) Bulletin de la société philomatique , vendémiaire ,
an 6 , ( oct. 1797 ).
Q q a