qu’affecte souvent la seconde ; et eîi combinant
cette analogie de forme, qui, par elle-même, n’étoit
pas assez décisive (i), avec la dureté et la gravité
spécifique, il avoit jugé que les deux substances
devoient être identiques. Néanmoins elles ont été,
depuis, regardées par tous les minéralogistes comme
formant deux espèces distinctes. Je n’avois pas encore
été à portée d’en faire une comparaison exacte,
lorsqu’ayant aperçu des facettes terminales sur
quelques cristaux entrelacés dans un groupe d’ai-
gues-marines de Sibérie, je parvins à en dégager,
dont les uns avoient la forme de l’émeraude annulaire
, et les autres celle de la rhombifere. Il résul-
toit de la mesure des angles combinée avec les lois
de structure, que les deux substances avoient une
molécule semblable, qui étoit le prisme triangulaire
équilatéral, ayant pour pans des carrés. Cependant
, comme cette forme est la limite des
prismes triangulaires, et pouvoit absolument, par
cette raison, ctre commune à différens minéraux,
je cherchai un nouveau terme de comparaison
dans la réfraction ; mais il se présentait ici un
obstacle à la réunion des deux substances, qui,
après m’en avoir imposé pendant quelque temps,
a produit enfin cet avantage, que les recherches
qui ont servi à le lever, ont avancé d’un pas la
physique des minéraux.
(i) On connoît beaucoup d’autres minéraux qui se pré'
«entent sous cette même forme.
J’avois observé que l’émeraude avoit la double
réfraction, et, pour éprouver si l’aigue - marine
jouissoit de la même propriété, je fis tailler un
prisme limpide de cette dernière substance, dans
un premier sens perpendiculaire à l’axe, et dans
un second incliné sur le même axe d’environ 6od,
en sorte que l’angle réfringent étoit de 3od. Ce
prisme, essayé dé toutes les manières, ne laissoit
voir qu’une seule image de chaque objet; et le
Cit. Charles en ayant présenté l’angle réfringent à
un rayon de lumière introduit par le trou d’une
chambre obscure, le spectre solaire projeté sur
un carton blanc , à vingt-cinq pieds de distance ,
fut également simple. C’est d’après ces observations
que j’ai cru pouvoir dire dans l’extrait de mon
Traité de Minéralogie , que le caractère le plus
tranché pour distinguer le beril de l’émeraude,
consistait dans sa réfraction, qui étoit simple, au
lieu que celle de l’émeraudé étoit double (i).
Cependant j?étois toujours frappé de l’accord qui
régnoit entre les autres caractères de ces deux minéraux,
et qui s’étendoit jusqu’à la ressemblance
des formes secondaires ; et, enfin, ayant fait re-
flexion que l’une des deux faces produites artificiellement
sur le prisme d’aiguë-marine, celle qui
était perpendiculaire à l’axe, avoit une position
qui offroit comme la limite de toutes les autres, et
(x) Journ. des mines , N°. 28 , p. 2^7.