nature avec une abondance proportionnée à son
utilité. Elle forme des masses immenses dans le
sein de la terre , en Pologne, en Hongrie, en
Russie, en Allemagne , en Angleterre et en Espagne.
On a donné à cette substance fossile le
nom de se l gemme. Une des mines les plus célèbres
dont on la retire , est celle de Wilisczka en
Pologne (i). Le sel y est disposé par couches,
sous des lits de sable et de terre argileuse. On
le détache en blocs d’environ 26 décimètres ou
8 pieds de longueur, sur i 3 décimètres de largeur,
et 6 décimètres ~ d’épaisseur. Vers l’année
1780, la plus grande profondeur à laquelle on
eut encore pénétré, étoit d’environ 293 mètres ou
900 pieds , ce qui fait une épaisseur de 228 mètres
ou 700 pieds pour la masse de sel, qui commence
à peu près à 65 mètres ou 200 pieds §ji
dessous de la surface. On a dit , et peut-être a-
t-on exagéré , que cette mine avoit environ trois
lieues d’étendue en tout sens. Mais il y a lieu de
croire qu’elle communique avec celle de Bochnia,
où l’on exploite le même sel, et qui est située à
cinq milles au levant de Wilisczka (2).
2. Toutes les mines de sel gemme occupent des
( 1 ) Voyez la description qu’en a donnée Guettard,
Mém. de l’Ac. des S c ., i j6 ^>, p. io 3 et suiv.
(2) Observations sur les mines de sel gemme de Wilisczka,
par Berniard, Journ. de phys. , 1780, p. i 5g et suiv.
terrains secondaires. On trouve dans celle de Wilisczka
des coquilles et des madrépores. De Born
cite un fragment de défense d’éléphant retiré de
cette mine, et ajoute qu’on y rencontre aussi des
dents molaires et autres ossemens de ce quadrupède
(1). Le même sel est souvent accompagné
de chaux sulfatée.
3, Une autre quantité très-considérable de soude
muriatée est tenue en dissolution par les eaux de
la mer. Ce sel, après son extraction , se nomme
s e l marin $ mais il ne diffère point du sel gemme.
Enfin, les eaux de plusieurs lacs et de quelques
fontaines sont chargées aussi de soude muriatée.
Elle entre, en proportion très-sensible, dans
les eaux de Balaruc , de Bourbonne , de Bour-
bon-Lancy et Larehambaut, de la Motte , etc.
4. On emploie divers procédés pour retirer le
sel marin, et l’obtenir à l’état concret. Le premier
est l’évaporation spontanée par la chaleur
du soleil. La marée montante amène l’eau dans
des fosses enduites d’argile bien battue, et partagées
par de petits murs en divers compartimens,
qui communiquent entre eux : on a soin de ne
laisser entrer dans ces fosses qu’une couche d’eau
assez mince, pour que l’évaporation soit prompte
et facile. A mesure que le sel se forme, on le
ramasse avec des rateaux, et on le met en tas
pour le faire sécher.
(1) Catal., t. I , p. 463•