3. On a regardé la soude carbonatée , pendant
long-temps , comme un simple alkali, c’est-à-dire,
comme n’étant autre chose que la soude à l’état
de pureté, parce qu’on lui avoit reconnu plusieurs
propriétés des alkalis , entre autres celle de
verdir le sirop de violettes. Mais il est bien prouvé,
aujourd'hui, qüe la soude y est combinée avec
1 acide carbonique ; et c’est à la présence de cet
acide qu’est due l’effervescence que produit, dans
l’acide nitrique, le sel dont il s’agit.
4* La facilité avec laquelle la soude carbonatée
entre en fusion , l’a fait adopter, de préférence ,
dans beaucoup de verreries , pour la mêler au
sable qui forme la base du verre. Mais l’usage
le plus intéressant de ce sel est de concourir, avec
1 huile d’olive et la chaux, à la composition du
savon solide. La chaux n’est employée ici que
pour enlever à la soude l’acide qui la neutralise,
et amener cet alkali au degré de pureté nécessaire,
pour qu’il puisse agir sur l’huile et s’unir intimement
avec elle (1).
5. Il paroît, par plusieurs passages des anciens,
que la soude carbonatée étoit le sel qu’ils nom-
moient nitrum et natrum. Tacite dit qu’on ramas-
soit, de son temps, sur les bords du fleuve Belus ,
un sable qui, mêlé avec le nitrum , produisoit
( 1 ) V o y ez le rapport sur la fabrication des savons, etc.
ftiéin. et observ. de cliiinie, de B. Pelletier, t. IJ , p. 249
et suiv.
du verre par la coction (1). Selon Pline, on trou-
voit le nitrum dans des lacs ; l’Egypte surtout
en fournissoit abondamment, mais d’une couleur
grise et mêlé de parties pierreuses (2). Ce sel
étoit d’un grand usage dans le même pays, pour
saler les cadavres, avant de les embaumer (3).
6. Les anciens attribuoient une grande vertu
fécondante à leur nitrum. Virgile dit qu’il a vu
les cultivateurs arroser les semences des légumes ,
avec de l’eau nitrée et du marc d’huile , avant
de les confier à la terre , afin que les graines
prissent plus d’accroissement dans leurs enveloppes
(4).
7. La soude carbonatée est regardée comme
apéritive, et facilitant le dégorgement des viscères
abdominaux, et du foie en particulier. Elle fait
la base des eaux de Vichy qui, en outre, contiennent,
quoique chaudes, du gaz acide carbonique
à leur source. Le même sel dissous dans
l’eau surchargée d’acide carbonique, a été vanté
par Ingenhouz, comme très-utile dans les affections
calculeuses des reins (5).
(1) Histor, 1. V , c. 5.
(2) Hist. n a t ., 1. X X X I , c. 10.
(3) Hérodote , I. I I , c. 85.
(4) Semina v id i eejùidem multos medicare serentes,
E t niero pria s et nigrâ perfundere amure à ,
Grandior ut foe tu s s ilia u is fa lla c ib u s es'set.
Géorg . , 1. 1, vers 193 et suiv.
(5) Article communiqué par le Cit. Halle.