Le second procédé est l’évaporation artificielle
a l’aide du feu, qu’on entretient sous des chaudières
remplies d’eau salée. Dans certains pays ,
1 evaporation spontanée précède l’artificielle. On
fait d abord tomber l’eau sur des fagots d’épines*
où elle se divise en une pluie très-fine qui, présentant
beaucoup de surface à l’air, s’évapore en
grande partie, de sorte que celle qui arrive au
fond se trouve tres-chargée de soude muriatée.
Cette eau est ensuite portée dans de grandes chaudières
qu’on expose à l’action du feu , pour achever
l’évaporation.
Dans quelques contrées du nord, on profite du
degré de froid de l’atsmosphère , comme d’un
moyen préparatoire. On fait entrer une couche
d’eau peu épaisse dans des fosses pratiquées à
cet effet. Une partie de cette eau, en se congelant
, abandonne les molécules salines , qui se concentrent
dans la portion encore fluide, en sorte
que celle-ci n’a plus besoin que d’être exposée
à une médiocre chaleur, pour que son évaporation
permette au sel dont elle est chargée de se
cristalliser.
5. La décomposition de la soude muriatée fournit
l’acide muriatique qui se débite dans le commerce.
Cet acide, distillé sur de l’oxyde de manganèse
, enlève à celui-ci son oxygène , et prend
alors le nom d'acide muriatique oxygéné. Ber-
tholet, qui a découvert la vfraie cause du changement
d’état que l’acide éprouve dans cette opération
, en a déduit des conséquences importantes
pour l’art de la teinture. Il a fait voir que les
étoffes et autres tisSus employés à nos usages ne
se décoloroient au bout d’un certain temps , que
parce que leurs principes colorans se combinoient
avec l’oxygène de l’atmosphère, surtout lorsque
la lumière favorisoit cette combinaison (i). Or,
l’acide muriatique oxygéné produit,, en un instant,
ou tout au plus en quelques heures , par la cession
prompte et abondante de son oxygéné, le
même effet que l’air n’opère qu’avec lenteur et
comme par nuances. Il sufïisoit donc d exposer
les toiles et les étoffes à l’action de cet acide ,
pour juger du plus ou moins de résistance qu elles
devoient opposer à l’action de l’air, par le plus
ou moins de facilité qu’avoit 1’,acide a les décolorer
, et discerner ainsi les matières colorantes
qui méritoient la préférence, par leur solidité.
6. Mais la plus belle application que Bertholet
ait faite de sa découverte, est celle qui est relative
au blanchiment des fils et des toiles. Ces substances
sortent de la main qui les a fabriquées
avec une teinte sale • et désagréable , que 1 on a
cherché à leur enlever. Jusqu’alors on les expo-
(i), Il n’est personne qui n’ait observé les effets de cette
altération sur les rideaux de taffetas coloré , places aux fe nêtres
des appartemens où le soleil donne.