les personnes peu instruites , dont l’attention ne va
pas au-dela de ce qui frappe les yeux.
3. La chaux sulfatée compacte est la substance
qui , soüs le nom d'albâtre , a servi tant de fois
de terme de comparaison pour désigner une belle
couleur blanche. Les anciens confondoient cet albâtre
, que 1 on a nommé depuis albâtre gypseux ,
avec 1 albatre calcaire. Pline emploie le nom d’a/a-
bastrites, pour indiquer l’un et l’autre, quoiqu’il se
soit servi aussi quelquefois du mot alabastrum
( albâtre) (i). Parmi les modernes, quelques-uns
ont appelé particulièrement albâtre celui qui est
calcaire , et alabastrite , celui qui est gypseux.
Boè'ce applique'ces deux mots en sens inverse. Du
reste, cet auteur avoit saisi la distinction entre les
deux substances , aussi-bien que le permettoient les
connoissanees acquises de son temps (s). On étoit
loin de se douter alors que quelques gouttes d’acide,
versees sur ces substances, Rissent capables de les
faire ressortir si nettement l’une à côté de l’autre.
La chaux sulfatée est très-peu soluble dans l’eau ,
et ne fait aucune impression sensible sur la langue ; '
mais l’eau dans laquelle elle a été dissoute a une
crudité qui la rend pesante sur l’estomac, et cette
sensation a été regardée comme une espèce de saveur
qui, trop foible pour agir sur les nerfs de
(1) Hist. n a t, 1. XXXVI, ch. 8 , et 1. III \ ch. %
(2) De lapid. ac gemmis, Iib. I I , c. 269.
D E M I N É R A L O G I E . 285
l’organe du goût, n’avoit de prise que sur ceux de
l’estomac, qui sont plus délicats. Quoique l’on connût
, depuis long-temps , la solubilité de la chaux
sulfatée , .et que Wallerius eût même avoué qu’on
auroit pu mettre cette substance au rang des sels (i) ,
sa position dans le sein de la terre, parmi les pierres
proprement dites , et le volume des masses qu’elle
constitue , ont fait penser à ce savant qu’elle devoit
rester dans la classe des substances pierreuses;
comme si c’étoient les localités et les dimensions,
plutôt que les principes composans et les qualités
intrinsèques qui dussent décider de l’arrangement
méthodique des minéraux.
4. La cristallisation de la chaux sulfatée est une
des moins fécondes en polyèdres réellement distincts,
et en même temps une de celles où les formes soient
le plus sujettes à des altérations qui oblitèrent leurs
angles et leurs arêtes. C’est en observant les fractures
faites à l’un de ces corps nommés gypse en fer de
lance , que La Hire, en 1710, c’est-à-dire , dans
un temps où l’étude de.la cristallographie étoit à
peine naissante, entreprit de déterminer la structure
de la chaux sulfatée.*
Ce savant regardoit les deux triangles hfz^gfz
(fîg- 104) comme rectilignes. Ce n’est pas qu’il ne se
fût aperçu de quelques déviations dans les positions
de leurs côtés extérieurs ; mais il ne voyoit là que
(1) T. II , p. 176, obs. 4.