sommet d’une montagne granitique, nommée Odon-
Tchelon, la même que nous avons indiquée comme
étant aussi le lieu natal des topazes de Sibérie. Ils
y occupent différens filons, dans chacun desquels
ils sont distingués par une teinte particulière ,
soit de vert, soit de jaune-verdâtre, soit de bleu-
verdâtre (i).
2. On a découvert dans les montagnes granitiques
du Forèz et de la ci-devant Bourgogne, de»
cristaux en prismes hexaèdres réguliers, que l’on
a pris pour des émeraudes. Mais nous n’avons jus-
qu ici aucune preuve certaine qu’ils appartiennent
à cette espèce, et nous croyons, en conséquence,
devoir les renvoyer à l’appendice, dans lequel nous
parlerons des substances dont la nature n’est pas
encore assez connue pour permettre de les classer.
3. Les anciens ont cité des émeraudes qui avoient
jusqu’à dix coudées de longueur. Ils ont parlé de
colonnes, de statues colossales, etc., faites d’une
seule pierre de cette nature. Ces récits se sentent du
temps où tout ce qui étoit vert, étoit émeraude.
Les plus gros cristaux connus chez les modernes
sous ce nom, et qui viennent du Pérou, peuvent
avoir, au plus, 16 centimètres, ou environ 6 pouces
de longueur, sur une épaisseur de 54 millimètres,
ou 2 pouces. La plupart des émeraudes sont beaucoup
plus petites, et il y en a dont l’épaisseur est
à peine d’un millimètre. Le volume des cristaux
( i ) Voÿezl’hist. nat.des min.par Patrin, t. II ,p. 22 etsuiv.
dé Sibérie, dits aiguës -marines et berils} varie
entre des limites plus étendues. On en trouve qui
sont presqu’aussi déliés qu’un fil, tandis que d’autres
se sont accrus jusqu’à 32 centimètres, ou à peu
près un pied de longueur, sur une épaisseur d’un
décimètre, ou environ 44 lignes. On observe aussi
que ceux surtout d’un petit volume, sont souvent
d’une longueur considérable relativement à leur
diamètre.
4. Ces mêmes cristaux, appêlés berils et aigues-
marines 3 sont sujets à des accidens singuliers de
configuration.. A l’aspect de certains prismes, on
diroit qu’ils : ont été cassés en deux tronçons , qui
auf oient -été ensuite -, mal soudés , de manière à
former un coude. D’autres prismes, au lieu d’avoir
une face plane à chacune de leurs extrémités,
forment en cèt endroit, tantôt une saillie arrondie',
tantôt une concavité, comme dans les basaltes articulés.
Les cristaux qui présentent ces accidens, ont
fixé particulièrement l’attention du citoyen Patrin,
parmi les différens objets qui ont fourni matière aux
observations intéressantes, qui ont été le fruit de
son voyage en Sibérie (1).
5. Romé de Lisle est le premier qui ait conçu
l’idée de réunir dans une même espèce l’aigue-ma-
rine de Sibérie avec l’émeraude. ,11 avoit observé
la première sous la forme du prisme péridodécaèdre
(1) Voyez l’ouvrage cité plus haut , t. I I , p. 28 ¡et 3 g.
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