3. Le refroidissement produit par l’ammoniaque
muriaté dans l’eau qui dissout ce sel, v a ,
suivant Manquer, jusqu’à 18 degrés de Réaumur
au-dessous de la température qu’avoit d’abord le
liquide. Aussi obtient-on un froid artificiel considérable
, en mêlant de l’ammoniaque muriaté
avec de la glace pilée. On parvient de cette manière
à faire congeler l’eau renfermée dans un vase
entouré de ce mélange.
4- Ce même sel a deux principaux usages dans
les arts, l’un pour l’étamage , et l’autre pour la
teinture. Dans le premier cas , il sert à décaper
les métaux, et a de plus l’avantage de prévenir
l’oxydation de la surface métallique , par le principe
huileux et charbonneux qu’il contient. On
l’emploie en vapeur, pour décaper les lames de
fer que l’on se propose de. convertir en fer blanc.
Dans les teintures, il sert à convertir l’acide
nitrique en acide nitro-muriatique. On en dissout
, pour cet effet, dans le premier de ces acides,
une quantité qui varie entre un huitième et
un seizième.
On a remarqué que l’ammoniaque muriaté
avoit la propriété de rendre le plomb aigre ,
lorsqu’on le mêloit avec ce métal fondu \ et c’est
d’après cette observation qu’on l’emploie dans
quelques ateliers, où l’on convertit le plomb en
grenaille (i).
( i ) Détails communiqués ;par-le Cit. Chapt'al.
5. La
5. La cristallisation ordinaire de l’ammoniaque
muriaté en petits cristaux plumeux , a été décrite
, avec beaucoup de soin, par le Cit. Monge,
dans le mémoire très-intéressant qu’il a publié sur
la météorologie (i). Si l’on remplit un vase de
verre, profond et chaud, d’une dissolution de ce
sel saturée a chaud, et qu’on laisse ensuite refroidir
lentement celle-ci dans un air calme, la
surface du liquide est la première qui arrive à
la supersaturation, tant à cause du refroidissement
direct auquel elle est exposée, qu’à cause
de la concentration que lui fait éprouver l’évaporation
, et c est a la surface que les premiers
cristaux se forment. Ces cristaux , d’une extrême
petitesse, sont aussitôt submergés que formés ; et
parce que leur pesanteur spécifique est un peu
plus grande que celle du liquide qui les contient,
ils descendent avec lenteur : en même temps leur
volume augmente, par une addition de cristaux
semblables qui se forment sur leur passage, en
sorte qu’ils arrivent au fond du vase en flocons
blancs, nombreux et volumineux.
Ce que le Cit. Monge trouve surtout de plus
remarquable dans ce phénomène , c’est le pro- .
grès rapide de la cristallisation dans un liquide
dont la supersaturation n’est pas assez avancée
pour lui donner naissance par elle-même. Mais
(i) Annales de chiinie, par Moryeau, Lavoisier, Monge,
etc. ; t. V , p. i et suiv.
T om e II. jj