résultat des expériences de Newton, dans lesquelles
ce célèbre géomètre faisoit passer un rayon de lumière
successivement à travers deux rhomboïdes
placés l’un derrière l’autre, on conçoit d’abord que
quand les sections principales coïncident ou sont
parallèles, on ne doit voir que deux images du point
visible , puisque chacun des rayons qui a traversé
le premier rhomboïde reste simple en pénétrant
le second. Ces images seront plus écartées qu’avec
un seul des rhomboïdes, si les sections principales
ont leurs arêtes latérales respectivement parallèles,
comme cela est évident. Au contraire, elles se rapprocheront
j si les sections principales soùt placées
en sens inverse l’une de l’autre, comme dans la
fig. 58, parce qu’alors les effets de la réfraction
du rayon d’aberration s’entredétruisent plus ou
moins, suivant que les hauteurs des rhomboïdes
approchent plus ou moins d’être égales.
Si les sections principales sont perpendiculaires
l’une sur l’autre, il n’y aura encore que deux images,
puisque chaque rayon ne fait que changer de fonction,
sans se décomposer, en passant d’un rhomboïde
dans l’autre. \
Mais si les sections principales sont dans quelqu’une
des positions comprises entre le parallélisme
et l’angle droit, l’oeil doit voir alors quatre
images, l’une produite par un rayon qui fait dans
les deux rhomboïdes la fonction de rayon ordinaire;
une seconde, par un rayon qui fait dans
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les deux rhomboïdes la fonction de rayon d’aberration;
une troisième , par un rayon ordinaire
à l’égard du premier rhomboïde, devenu rayon
d’aberration dans l’autre rhomboïde ; et une quatrième
, par un rayon qui présente le cas inverse du
précédent.
38. Quant à la cause physique d’où dépend le
phénomène, Newton a fait sur cet objet une hypothèse
qui paroît singulière au premier abord, mais
qui gagne à être examinée de près et comparée
avec les faits observés. Au reste, il l’a placée dans
ses questions d’optique, ou il interroge continuellement
son lecteur, et semble avoir pris à dessein
le ton du doute et de l’incertitude, pour nous confier
plus librement tous les aperçus qui s’offroient à son
génie. 1
Newton supposoit que les molécules de la lumière
avoient deux espèces de pôles, sur lesquels la matière
du spath d’Islande exerçoit une action particulière
, dont le centre étoit placé dans la région
du petit angle solide. D’après cette idée, il con-
sidéroit chaque rayon simple comme un prisme
quadrangulaire infiniment délié, dans lequel tous
les pôles dont nous venons de parler étoient rangés
sur deux pans opposés, que nous appelerons pans
d aberration. Lorsque le rayon, en pénétrant le
rhomboïde, par exemple, en allant de la base
supérieure adef {Jig. 53 ) vers l’inférieure beng y
présentoit l’un de ces mêmes pans à l’angle solide b 3
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