lyses citées plus haut, faites par deux hommes qui
jouissent, à cet égard', dune grande célébrité, on
trouvera des différences qui semblent en indiquer
une dans la composition des substances elles-mêmes.
Les seules dont les résultats ayent une ressemblance
marquée , sont celle du grenat oriental
par Klaproth, et celle du grenat trapézoïdal par
Vauquelin ; seulement la première donne trois de
chaux pour cent , tandis que ce principe est nul
dans la seconde.
La mélanite ou le grenat noir mérite ici une
attention particulière. M. Napione nous apprend (i)
que Klaproth avoit séparé cette substance du
grenat; à la vérité il ne cite point l’analyse qui ,
sans doute , avoit donné lieu à cette séparation ;
mais le résultat obtenu par Vauquelin sur des cristaux
qui étoient bien décidément des grenats noirs
de Frascati, semble suppléer à ce silence, et justifier
l’opinion du célèbre chimiste de Berlin , par
la différence notable qu’il offre entre les proportions
des principes de cette pierre compares a ceux
du grenat trapézoïdal, traité par la meme main, ou
du grenat oriental , sur lequel Klaproth a opere.
Je ne sais cependant si nous sommes au moment
de faire, dans l’espèce du grenat, la réforme
que sollicitent les analyses dont il s agit. Il seroit
peut-être à désirer que l’on les répétât , avant de
( i) Journ. de phys., mars, 179^ > P- 209.
rien innover. Je ne puis me défendre, à cet égard,
d’un léger doute , fondé sur ce que ces analyses,
au nombre de sept, ont donné des résultats dont
deux seulement se rapprochent ; en sorte qu elles
pourroient paroître prouver trop , puisqu’il s’en-
suivroit que sur les sept substances analysées, et
qui ne forment qu’une partie des anciens grenats ,
il y en a déjà six qui constituent autant d’espèces
particulières.
En un mot, quoiqu’on ne puisse guère douter,
dès maintenant, que les naturalistes n’ayent placé
trop légèrement certains corps dans l’espèce du
grenat, d’après la seule indication de la forme extérieure,
qui n’est pas décisive dans le cas présent; il
me semble que nos connoissances, sur cet objet,
ne sont pas assez avancées, pour qu’en essayant de
rectifier des rappróchemens déjà faits, nous puissions
nous promettre de ne tracer aucune fausse ligne
de séparation (i).
(1) Une lettre de M. Eslinger au Cit. Lamétherie, insérée
dans le journal de physique du mois ventôse, an 9 ,
p.' 222 et suivantes , nous apprend que le célèbre Werner
regarde aujourd’hui le grenat granuliforme de Bohême ,
comme une espèce particulière , qu’il a nommée pyrop , et
qui diffère du grenat ordinaire , principalement p a r la
couleur, le défaut de c ris ta llisa tio n , et p a r sa transparence.
Mais je ne sais si la distinction qu’établit ici
M. Werner entre les deux grenats, est suffisamment motivée
d’après ces différences , qui ne me paroissent pas incompatibles
avec l’identité d’espèce.