les seuls bâtiments européens qui viennent à Solo
dans un but commercial : ils y apportent tous les
articles d’Europe, tels qu’indiennes à grandes fleurs,
mousselines, fers, quincailleries, verroteries et des
articles du Bengale et des Philippines ; ils en exportent
des nids de salanganes (espèce d’hirondelles),
du tripang, des perles, des huîtres perlières, de l’écaille,
de la cire, de la poudre d’or, du camphre,
etc., objets qui tous trouvent un bon débit
sur les marchés chinois; mais il leur faut plusieurs
mois pour compléter leur chargement, aussi lorsque
ces navires arrivent sur rade , on les débarrasse de
leur mâture, en conservant seulement les bas mâts,
et pour les préserver des trop grandes chaleurs, on
établit au-dessus de leurs ponts des toitures en bambou,
ce qui les fait ressembler à des pontons. Tous
les navires qui étaient au mouillage avaient leurs mâts
de hune dépassés, ils étaient couverts d’une toiture ; ce
qui indique combien la rade est sûre, bien qu’elle
soit défendue des vents du nord seulement par les
îles du large. Tout le commerce se fait généralement
par voie d’échange ; cependant lès habitants de Solo
connaissent parfaitement la valeur de l’argent, et
l’on assure que les datous conservent en numéraire
des sommes énormes ; on estime que Datou-Molou
possède 40,000 piastres.
Les Chinois font aussi le commerce de Solo, ils ne
jouissent d’aucun crédit au milieu de cette population
guerrière, et ils ont souvent à souffrir dans leurs relations
avec les indigènes; mais avec leur esprit tout mercantile,
ils subissent volontiers toutes les vexations
dont on les abreuve, pourvu qu’ils en tirent un profit.
Or les marchandises que l’on exporte de Solo trouvent
surtout des débouchés faciles sur les marchés de Chine ,
et les jonques ont sur les navires européens l’immense
avantage de pouvoir porter leurs cargaisons
directement, sans passer par Manille, où se payent
des droits de douane assez forts. Il paraît que ce n’est
point volontairement que les Chinois établis dans la
baie ont choisi le rivage pour y construire leurs
maisons ; les datous leur en imposent l’obligation,
parce qu’ils pensent que si jamais ils étaient attaqués
par une puissance européenne, les Chinois seraient
les premiers soit à défendre la ville, soit à la racheter
par une somme assez forte, comme étant les premiers
intéressés. Il est certain que dans le cas d’une attaque,
les maisons des Chinois seraient les plus exposées.
Ce n’est point par un commerce licite, mais bien par
le meurtre et le pillage que les datous sont arrivés aux
fortunes énormes qu’on leur attribue, si toutefois il
est vrai qu’ils les possèdent ; cependant lès habitants
de la ville sont en général trop lâches pour faire la
piraterie eux-mêmes, ils se réduisent au rôle moins
dangereux de recéleurs. Tous les écumeurs malais
viennent porter le fruit de leur rapine sur ce point ,
et ils trouvent facilement à s’en défaire sur-le-champ ;
en outre, Bewan est pour eux un arsenal ou on leur
fournit des armes, des munitions et même des praoS
pour continuer leur brigandage, jusqu’à ce qu’un
1839>.
Juillet.