contradiction trop marquée avec les lois hollandaises,
ou qu’elles n’infligent pas des pénalités cruelles abolies
par elles.
» Dans chaque province, le résident préside une cour
de justice composée du secrétaire de la résidence, du
régent indigène, qui commande sous ses ordres, et
du principal prêtre musulman. Les attributions de
cette cour tiennent le milieu entre celles des justices
de paix et des tribunaux de première instance. Elle
est chargée de prononcer sur les délits qui n’impliquent
pas une peine afflictive ; d’informer pour les
délits plus graves oü les crimes, et d’en transmettre
l’information au conseiller, qui, chaque trimestre,
fait sa tournée dans la province, pour instruire toutes
les affaires criminelles, et envoyer le résultat-de l’instruction
et les coupables à la cour qui peut seule les
juger. Heureusement les crimes sont fort rares à Java ;
les délits les plus communs «ont le vol, le meurtre
n’est le plus souvent la suite que d’un excès de jalousie
de la part d’un mari qui se venge ainsi du séducteur
de sa femme. On a remarqué que, dans ce cas,
le meurtrier vient presque toujours se constituer lui-
même prisonnier. La peine à laquelle il est alors condamné
est celle des travaux forcés ou des travaux
d’agriculture, peines beaucoup plus douces que celles
de nos bagnes. Le bannissement n’est guère infligé
qu’aux rebelles ou à ceux qui ont pris part à quelque
trahison.
Chaque province a à la tête de son administration
un résident qui remplit les fonctions de gouVerneur,
il est chargé de surveiller les menées des chefs
et de faire exécuter les lois. Il a sous lui ufi chef in-*
digène puissant, appelé régent, qui commande à d’autres
chefs subalternes, ce régent doit transmettre tous
les ordres aux indigènes, il est chargé défaire payer les
impôts, de fournir les corvées; et de maintenir partout
la police et le bon ordre. Lé résident a aussi à ses ordres
des troupes pour faire respecter son autorité,
surtout quand sa résidence renfermé des positions
militaires. Les Hollandais semblent s’être attachés à
faire sentir le moins possible aux Javanais Faction de
ces troupes ; dans les provinces de l’intérieur, les résidents
préfèrent souvent même ne pas avoir du tout
de soldats, trouvant qu’il leur est plus facile dé gouverner
sans eux ; car on sait combien cés hommes,
quand leur action n’est plus utile, embarrassent les
conquérants, et gênent leur politique par leur inso-
lence envers le peuple vaincu, leur habitude de se
croire toujours en pays conquis, et de vouloir agir
en maîtres. Il est telle résidence, dans l’intérieur dé
Java, dont la population dépasse 500,000 habitants,
qui n’a, pour la gouverner, que deux Européens, et
cependant, leurs ordres sont exécutés avec la plus
grande ponctualité. Ce serait un bel exemple à suivre
dans beaucoup de colonies, où le conquérant doit
rendre sa présence la moins importune possible à
une population étrangère à ses maîtres, par ses
moeurs, -Ses Usages et sa religion, fl est vrai qu’on
trouve rarement un peuple aussi docile que lès Javanais
pour faire cet essai.
1639.
Juin.