frances les plus atroces. Leur maître Irrité les attache
à un arbre et les tue à coups de kriss, savourant sa
vengeance en voyant sa victime se débattre dans des
tourments affreux et prolongés. Car ne croyez point
qu’il les achève du premier coup; non, il les fait
mourir peu à peu ; souvent il exerce ses jeunes enfants
à ce métier de bourreau.- Des femmes blanches
ou au moins des métis de Manille ont peuplé le harem
de ces chefs de brigands. Combien de victimes ne gémissent
elles pas encore dans l’esçlavage, dans l’intérieur
des terres où elles ont été reléguées par leurs
possesseurs?»
L’Espagne est la seule nation européenne qui ait
jamais tenté de s’emparer de ces îles et de se les approprier.
Pour mettre un terme aux brigandages des habitants,
le gouvernement des Philippines a dirigé plusieurs
expéditions importantes sur ces îles, et s’en est
plusieurs fois ; rendu maître, mais il a toujours été
obligé de les abandonner. Vaincre ces hommes n’était
pas le plus difficile, mais il fallait les soumettre et les
amener à une vie peu en harmonie avec leurs moeurs
et chaque fois qu’ils signaient des conventions, promettant
de ne pas rompre la paix qui leur était ,ac-
cordée, ils ne cherchaient qu’à gagner du temps
pour ourdir plus sûrement leurs complots afin de se
débarrasser de leurs ennemis par le poignard. Pendant
les années de 1640 à 1650 les Espagnols, qui
avaient de nouveau essayé de conquérir cet archipel,
ne purent s’y maintenir qu’en ayant toujours
les armes à la main; Enfin, les habitants de Solo
demandèrent l’alliance des Hollandais pour les aider
à chasser les Espagnols ; ceux-ci jugèrent alors prudent
d’abandonner ces îles, et depuis cette époque
leur indépendance ne fut plus menacée; |
Le nom du sultan actuel est Mohammed Guianaloul
Kiram; son pouvoir est héréditaire et se transmet
aux enfants mâles à l’exclusion des femmes. Toutes
les décisions sont prises par lé sultan et son conseil';
celui-ci est composé par les datous, au nombre de
quinze, qui balancent l’autorité du siiltan. Là forme
du gouvernement est féodale. Les datous commandent
chacun à un district ; ils perçoivent des impôts ; ils
oiit des hommes armés à eux, qui les escortent dans
lèurs voyages et qui sont toujours prêts à faire là
guerre à leur profit. L’autorité du sultan ne saurait
être que très-contestée avec un pareil entourage. Souvent
il est obligé de laisser ses ordres *nôn exécutés
parce que la force lui manque pour se faire obéir ;
aussi la plus grande anarchie règne-t-elle dans' Fîlè:
Les habitants n’obéissent à aucune loi, et la force
dont peut disposer le sultan est généralement insuffisante
pour les contenir.
« Ces hommes sont loin d’être redoutables aujourd’hui,
dit M. Dubouzet, grâce à l’anarchie qui s’est
emparée du gouvernement. Ce gouvernement, qui représente
une espèce de monarchie féodale dont le
chef, malgré son titre de sultan, n’a pas plus de
pouvoir que les nobles datous, est à la fois le plus
odieux de tous et le plus impuissant. Le peuplé*y vit
dans un état d’indépendance servile et d’abrutisse-
13
•1839.
Juillet.