tements, se frottent d’huile pour ne pas laisser de prise à ceux
qui les poursuivraient, et saisissant un moment favorable se
précipitent dans une maison, enlèvent ce qu’ils peuvent et se
sauvent.
Dans certaines années, lorsque la récolte du riz manque en
Chine, on voit affluer à Singapour un grand nombre de Chinois
qui viennent offrir leurs services pour vivre. Ils ne s’y
fixent pas ordinairement, mais après avoir ramassé un petit
v pécule ou quand ils reçoivent de meilleures nouvelles de leur
pays, ils s en vont. La plupart de ces émigrants sont employés
dans la culture des terres; d’autres servent en qualité de domestiques
ou de manoeuvres.
(M. De sgraz.)
Note 12, page 144,
Le 8, les fonds qui s’étaient généralement maintenus entre 17
et 20 brasses tombèrent à 6 et 4, fond de vase. Du reste les eaux
jaunes et vaseuses sur lesquelles nous naviguions nous indiquaient
assez l ’embouchure d’une rivière , mais derrière les
terres basses et noyées que nous prolongions, nous né distinguions
rien qui ressemblât à un établissement.
A dix heures du matin, le commandant, fatigué d’interroger
de sa longue vue cette côte monotone, donna l’ordre dé laisser
tomber un pied d ancre, et m’envoya reconnaître le fleuve avec
le grand canot bien armé ; en atterrissant, je ne trouvai qu’une
terre noyée au pied des palétuviers qui la bordaient ; la sonde
indiqua jusqu’à 5 et 6 pieds d’eau. Devant moi se développait
une baie immense, mais à travers ces terres basses et uniformes
je napercevais aucune coupée, aucune apparence de rivière.
Cependant une de ses pointes, plus haute que le reste, débordait
assez au large et formait avec la terre basse un enfoncement
assez profond. Je gouvernai droit sur la haute pointe que j’avais
devant moi, laissant à bâbord une pêcherie. C’était une maisonnette
en bambou élevée d’une vingtaine de pieds au-dessus du
sol. Je n’y aperçus pas figure humaine, et poussai de l’avant ;
après une grande heure de nage, je doublai la pointe, et allai
atterrir sur deux huttes adossées au rivage et bâties sur
l’eau; c’était l’habitation d’une pauvre famille de pêcheurs.
J’accostai pour tâcher d7obtenir d’eux quelques renseignements
sur la position du fleuve et de l’établissement hollandais, mais
ee n’était pas chose facile ; cependant à force de gestes et de leur
crier aux oreilles Sambas ! Sambas ! ils finirent par nous indiquer
l’extrémité opposée de la baie. Quelques officiers delà Zélée venaient
d’accoster, je leur laissai nos naturalistes, qui voulurent
profiter du court espace de temps que l’on avait mis à ma disposition,
pour collecter quelques échantillons. Goupil qui tenait à
dessiner la vue du fleuve vint avec moi ; une charmante petite
brise venait de s’élever, j’en profitai pour mettre à la voile, et
ma bonne embarcation glissant sur les eaux tranquilles de la
baie, eut bientôt franchi la distance. J’arrivai enfin devant un
beau cours d’eau aussi large que la Seine et coulant à pleins
bords, entre une grande forêt dont lés hautes cimes l ’ombrageaient
presque tout entier. Le vent et le courant contraire
m’empêchèrent de le remonter aussi haut que je l’aurais voulu.
Il était près de cinq heures du soir, j’étais à 12 ou 14 milles des
corvettes, et c’est à 15 lieues dans le fleuve qu’est situé le comp-
.toir hollandais; je revins donc, longeant la côte opposée à
celle ou j’étais venu atterrir, jusqu’à une petite île séparée de la
grande terre par un canal de 18 à 20 toises de largeur : j’y. relâchai
, tant pour donner un peu de repos aux canotiers, qui
depuis cinq heures avaient les avirons sur les bras, que pour
laisser au docteur le temps de ramasser quelques échantillons
botaniques et géologiques.
I Un quart d’heure après je repartais, gouvernant sur les corvettes
, dont j’apercevais à peine les mâtures. La marée venait
de reverser, et nous avions à lutter contre un fort courant. La