S i . seule arme défensive qu’ils connaissent. Pendant que
les chaloupes étaient à l’aiguade pour faire de l’eau, la
veille de notre départ, nous vîmes descendre par un
petit chemin creux qui conduisait à la plage, un corps
de cavalerie dont le costume était remarquable. La
plupart des cavaliers portaient des cottes de mailles
en fil de fer tourné en anneaux. Plusieurs bandes de
cuivre jaune bien fourbies, après avoir emboîté le
cou comme dans une cuirasse, descendaient du haut
de la poitrine jusqu’à la ceinture et servaient à la fois
de renfort et d’ornement à la cotte de mailles qu’elles
recouvraient. Parmi ces cavaliers, il y en avait un surtout
dont la grâce et la tournure étaient remarquables.
Le respect que lui témoignaient ses compagnons me
fit penser que c était sans doute le fils de quelque
chef influent de l’intérieur. Tous portaient la lance
et le sabre du pays , désignés sous le nom de Cam-
hilano.
» Quand cette petite troupe de montagnards aperçut
nos chaloupes et les faisceaux d’armes de nos marins*
ellp s’arrêta sur-le-champ, , ne sachant pas ce qu’elle
devait faire. Bientôt quelques-uns des cavaliers s’approchèrent,
et quand ils virent que nos hommes ne
paraissaient pas beaucoup s’occuper de leur voisinage,
1 un d eux vint droit sur nous et nous demanda
si nous étions des Hollandais. La réponse qu’on leur
fit les rassura complètement , car après quelques paroles
échangées de part etd’autre, ce,petit corps de cavalerie
se remit en. marche et défila au. trop sur la
grève, pour se rendre à la ville. C’était, comme je
l’appris quelques heures après, un renfort que les
tribus de l’intérieur envoyaient au sultan de Solo
qu’elles croyaient menacé.
» Je ne sais pas jusqu’à quel point il faut croire
ce que me raconta un vieux bonhomme de Mindanao,
qui vivait depuis longtemps dans l’esclavage à Solo ,
et auquel je demandai l’explication des cottes de
mailles ; selon lui les guerriers qui en étaiènt munis
occupaient toujours Te premier rang dans les combats
et; derrière eux marchaient ceux qui étaient armés
de mousquets et de javelots. L’opiniom générale
voulait que ces façons de cuirasse fussent à l'abri de la.
balle aussi bien que d’un coup de lance..
» Les ressources agricoles de l’archipel Solo sont
assez considérables ; dans la grande île on cultive du
riz, des patates douces ; on y récolte de la cannelle et
sans doute aussi d’autres épices. On y élève de nombreux
troupeaux de chevaux, de boeufs et de chèvres ; mais il
paraît quel’éléphant blanc ou gris y est âuj ourd’hui tout
à fait inconnu. Cependant quelques vieillards se rappellent
qu’autrefois on prétendait en avoir vu sur
une montagne de l’intérieur ; mais leurs souvenirs
aussi bien que leurs discours parurent bien confus et
bien incertains sur ce sujet.
» Tout ce que j’ai pu recueillir sur les idées de ce
peuple, c’e s t que la polygamie est en usage chez eux.
Quant à leur religion, c’est celle de Mahomet, mais
avec des modifications assez grandes. »
J’ai déjà dit que les calmes qui avaient succédé
aux fortes brises de terre sur la rade de Bewan,