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Juin.
me décider à quitter Y Astrolabe et à me rendre à son
invitation. Je retrouvai à sa table M. Diard et le docteur
Mallat ; ce dernier venait de faire un long séjour
dans le grand Archipel indien, il avait surtout beaucoup
fréquenté Manille et les îles Philippines', le
commerce auquel il se livrait lui avait permis de collecter
une foule de documents sur cet archipel.
Malgré l’heure avancée, je ralliai mon bord pour
recevoir le lendemain la visite du contre-amiral Lucas
et celle du colonel Olyve, accompagné de son
état-major. Treize coups de canon saluèrent ces messieurs
au moment où ils quittèrent Y Astrolabe pour
se rendre à bord de la Zélée. Je me rappelai que dans
l’année 1828, lorsque je passais à Batavia, lors de
mon premier voyage, j’avais manifesté à M. Bousquet,
alors secrétaire général, le désir d’aller saluer
le gouverneur général à la demeure royale de Buitenzorg
, si toutefois on me fournissait les moyens
nécessaires pour le transport. A cette époque aussi
j’avais été éconduit sous prétexte qu’il existait des
ordres sévères d’économie nouvellement apportés
par M. Dubus, et qui ne permettaient pas de fournir
des chevaux aux étrangers dans une position
semblable à la mienne, sans que autorisation préalable
; plus tard, lorsque cette autorisation avait
été demandée au gouverneur général, M. Diard qui
déjà jouissait auprès de son excellence d’usn immense
crédit, fut chargé de m’annoncer, de la part dé cet
officier général, qu’il eût été très-flatté de me voir,
mais qu’il ne lui restait plus que la journée même pour
avoir ce plaisir, attendu qu’il partit le jour suivant JJjf
pour l’intérieur de Java. Comme cette excuse ü’était
du reste accompagnée d’aucune offre de voiture ni
de chevaux, je la pris pour ce qu’elle valait probablement,
pour une Simple civilité ; aussi, en arrivant de
nouveau sur la rade de Batavia avec nos corvettes, je
m’étais bien gardé de manifester aucune intention
d’aller rendre Visite au gouverneur de Java, dans
son palais, de peur d’être éconduit une seconde fois.
Je fus donc agréablement surpris lorsque, dans la
soirée , üff thêSsàge de M. Diard m’annonça que le
gouverneur général désirait me recevoir à sa rési-
dencé de Buitenzorg, et que, dans l’espoir que je
voudrais bien faire ce petit Voyage, des ordres étaient
donnés à la poste pour m’y conduire ainsi que le capitaine
Jacquinot.
Le lendemain, le colonel Olyve vint me confirmer
cette nouvelle, en m’anonçant qu’il était chargé par
le gouverneur général de me conduire à Buitenzorg
en l’absence du contre-amiral Lucas, qui devait quitter
Batavia le jour même. En effet, au moment où
je me rendais à terre dans mon embarcation, le bateau
à vapeur qui était sur rade avait hissé le pavillon
de l’amiral, et il levait ses ancres pour partir,
au bruit des détonations de l’artillerie du stationnaire
qui saluait cet officier supérieur.
Mon intention, en quittant Y Astrolabe«, était d’aller
visiter M. Merkus, conseiller des Indes, arrivé
la veille de la Hollande où il était allé en congé,
et avec qui Je m’étais lié d’amitié, lorsque en 1828