1839.,
Juillet sans éprouver aucun obstacle. M. Desgraz, qui a noté
sur son journal les événements de cette journée,
s’exprime ainsi : « L’aspect du pays était des plus pittoresques
: la plage était sillonnée par de nombreux
sentiers, et devant l’aiguade s’élevait une route assez
large et bien battue où l’on remarquait beaucoup de
traces de pieds de boeufs et de chevaux. Suivi dû matelot
Bisaïa qui nous avait servi de guide 'et qui
parlait la langue du pays, je suivis cette route et
m’enfonçai biéntôt dans l’intérieur, au milieu de
champs couverts d’une belle verdure et d’arbres variés.
Un arbuste couvert de magnifiques fleurs rouges
et l’arbre qui produit le fruit qu’on nomme ici Lan-
goun, paraissaient surtout très-abondants.
» Nous arrivâmes bientôt devant une petite case
dans laquelle se trouvaient une femme et deux enfants.
A notre approche, les enfants effrayés se
mirent à crier, leur mère paraissait très-émue ; un
chien aboyait avec fureur, et un singe, qui était
aussi de la famille, nous faisait d’atroces grimaces ;
il fallut toute l’éloquence de mon guide pour; rassurer
ces misérables; quelques cadeaux achevèrent de
cimenter l’amitié. La femme était vêtue d’un simple
sarong, ses cheveux flottaient épars sur ses épaules;
elle nous dit que son mari était allé à la ville avec
une troupe de voisins pour s’informer des événements
qui avaient suivi notre arrivée et qui paraissaient
vivement préoccuper la population.
» Pendant que nous causions avec cette femme, nous
vîmes arriver la troupe dont son mari faisait partie,
composée de cavaliers et de fantassins tous armés de
longs kriss et de lances aux pointes bardelées. Çes
hommes recommencèrent à nous faire toutes les questions
qui déjà nous avaient été adressées par la femme;
ils nous demandaient surtout si nous n’étions pas Hollandais,
et si nous n’arrivions pas sur la rade avec de
mauvais desseins ; quel était le nombre de nos hommes,
celui de nos canons ; enfin toutes leurs questions indiquaient
suffisamment leur méfiance et leurs craintes.
J’essayai de mon mieux à les convaincre que nous
étions Français et que nos intentions étaient toutes
amicales. MM. H. Jacquinot et Gaillard étant arrivés
sur ces entrefaites, nous nous séparâmes des naturels
à peu près bons amis en apparence, et nous retournâmes
tous les trois au rivage.
» La maison que nous venions de visiter était carrée
et élevée sur quatre poteaux decinq pieds de hauteur.
Un escalier mobile servait à y grimper. Tout auprès
se trouvait un enclos renfermant un espace de terrain
cultivé ; quelques bananiers élevaient leurs feuilles
vertes dans un des coins, mais je ne vis aucun cocotier.
» Nous trouvâmes à l’aiguade un rassemblement
d’une vingtaine d’indigènes regardant paisiblement
les instruments de physique de M. Dumoulin. Bientôt
d’autres troupes s’ajoutèrent à ce nombre; puis
elles s’éloignèrent et se dirigèrent sur la ville. Tous
ces hommes étaient armés ; les uns étaient à cheval,
les autres à pied - ils marchaient de.front, mais sans
aucun ordre réglé. Ordinairement chacun de ces pe