bienveillantes, mais elles furent faites avec tant de
franchise, et M. Wanschoorny mit tant d’insistance,
qu’ils durent accepter, ils ne tardèrent pas à prendre
la même route que nous.
Je fus frappé, dès le principe, de la célérité avec
laquelle on voyage dans l’Ue de Java. Les relais sur
la route de Buitenzorg sont disposés de six milles en
six milles, et on en compte six depuis Batavia jusqu’à
la résidence du gouverneur. Nous trouvions à
chaque relais de jolis hangars sous lesquels s’arrêtaient
les voitures , et qui servaient à les garantir des rayons
du soleil pendant qu’on attelait les chevaux disposés
à l’avance. La route, sur toute sa longueur, est
macadamisée avec un caillou basaltique parfaitement
propre à cet usage ; elle paraît être entretenue avec
beaucoup de soin. Elle est exclusivement destinée
aux voitures suspendues et aux piétons, car les charrettes
et les chariots de transport suivent un chemin
latéral que l’on a fait pour cet usage.
Pendant près de la moitié du chemin de Batavia à
Buitenzorg, la route traverse une plaine spacieuse
couverte de belles maisons de campagne et de champs
de riz. Ce n’est que lorsque déjà l’on a parcouru une
douzaine de milles que l’on aperçoit distinctement la
belle chaîne volcanique des monts Guédé, Le pays
change alors d’aspect; on s’avance vers la montagne
par une pente peu rapide : les points de vue deviennent
de plus en plus pittoresques.
Nous mîmes un peu moins de trois heures pour
parcourir les trente-huit milles qui nous séparaient
de Buitenzorg, et nous arrivâmes devant le. parc qui
entoure le château. Celui-ci se compose d’un corps
de logis s’appuyant sur deux pavillons. L’architecture
de ce palais n’a rien de monumental , mais elle
est parfaitement appropriée au climat du pays. Le
corps de logis, dont la longueur est double de celle
des pavillons, est surmonté d’un dôme, au sommet
duquel en voit un joli belvédère. Il est entouré, ainsi
que les pavillons, d’une espèce de portique dont les
colonnes sont assez éloignées pour ne pas gêner la libre
circulation de l’air. Les appartements intérieurs
sont garantis des rayons du soleil et conservent toujours
une fraîcheur délicieuse. L’île de Java est sujette
à de fréquents tremblements de terre; dans le
cours de l’année 1826, une de ces secousses terrestres
renversa de fond en comble le vaste château
qu’avait fait construire à Buitenzorg le gouverneur
Daendaels, qui y avait établi sa résidence. Le nouveau
palais a été bâti, sur les ruines du premier,
mais sur un plan bien moins vaste et mieux combiné
pour résister à de nouvelles convulsions du globe. Il
n’a plus qu’un seul étage, mais il est assez élevé pour
que l’étendue de l’édifice ne soit pas trop disproportionnée
avec sa hauteur. De plus, on a fait entrer dans
la charpente et dans les Colonnes de cette nouvelle
construction le bambou, lê seul de tous les bois qui
réunit à une grande force la légèreté et l’élasticité
nécessaires pour résister à de pareilles secousses.
Nous descendîmes de voiture au pied du perron d’un
des pavillons, où nous trouvâmes de vastes et beaux