fit cependant supporter la fatigue, et nous rentrâmes, au bout
d’une demi-heUre environ, dans la forêt, A peine avions-nous
fait quelques pas sur le versant boisé de ces hauteurs, que nous
ne tardâmes pas à voir un grand nombre de singes gris, courant
sur les branches les plus élevées de ces arbres gigantesques ; effrayée
par notre présence, toute la troupe simiaque se mit en
émoi, et', sautant de branche en branche avec une agilité surprenante
i s’enfonça de plus en plus dans la forêt; elle ne parvint
cependant pas à s’échapper sans laisser quelques-uns de
ses membres sur la place ; deux tombèrent morts à nos pieds, et
d’autres, blessés, restèrent sur les arbres hors de nos atteintes.
Poursuivant notre victoire, nous arrivâmes dans la vallée
qu’arrose la rivière , et là de nouveaux triomphes noüs attendaient.
Plusieurs centaines de singes faisaient au-dessus de nos
têtes un vacarme effrayant ; mais ils étaient à une trop grande
hauteur pour que nos coups pussent les atteindre. Nous gravîmes
une pente presque verticale de la montagne Voisine, e t, nous
plaçant presque à la hauteur du refuge des singes, noUs ouvrîmes
notre feu sur tout ce qui se montrait ; quatre d’entre
eux tombèrent sans vie au pied de la vallée ; les autres, y compris
plusieurs blessés, prirent la fuite. Cette chasse au singe est
sans contredit la plus amusante que l’on puisse faire ; il est plaisant
de voir l’agilité avec laquelle ils savent profiter d’une chance
de fuite , et la ruse avec laquelle.ils se cacjhent derrière les branches.
Tant qu’il leur reste un souffle de vie ils restent sur l’arbre
qu’ils n’abandonnent que quand la mort leur fait lâcher
prise. J’ai vu l’un d’eux atteint de plusieurs chevrotines supporter
encore, sans tomber, deux coups de fusil, et ne lâcher
la branche à laquelle il était , cramponné , qu’avec la vie.
Fatigués du carnage, nous regagnâmes, Dumoulin et moi ,
le bord de la rivière, et laissâmes le docteur continuer sa course
dans la montagne pour herboriser. Nous prîmes, en l’attendant,
un bain délicieux, et après qu’il se fut reposé à son tour, nous
nous remîmes en route pour retourner au poste de Toumaga.
Après avoir pris , là un . instant de repos , nous reprîmes le chemin
de la ville en suivant un sentier différent de celui par lequel
nous étions venus, et en nous arrêtant de case en case. Partout
nous rencontrâmes des villages riants et des gens empressés à nous
offrir le peu que,contenaient leurs demeures. Ce qui surprenait
le plus ces braves gens, était de nous voir rapporter des singes
morts , et tous nous ; questionnaient, ne comprenant pas ce que
nous pouvions en faire. Nos coquilles et nos insectes les étonnaient
moins , bien qu’ils n en sussent pas davantage l’emploi.
Je suis persuadé qu’ils nous ont considérés comme des fous
naviguant pour leur santé , et ayant une permission d’absence
de Charenton. C’est au reste l’effet que nous avons produit
partout.
(.M. Montravel.)
Note 27, page 239.
Il faut à peine une demi-heure pour visiter toutes les rues de
Samboangan , auquel on donne 6,000 habitants. Les maisons
sont mieux bâties qu’à Soog. Quelques-unes sont sur pilotis
comme à Gouaham ; mais, en général, elles offrent une espèce de
rez-de-chaussée entouré de cloisons en roseaux, qui contiennent
des provisions de bois, remplacement de la cuisine, ainsi que
quelques cochons en quête d’une nourriture qu’on leur laisse
chercher. — Les toits de ces maisons sont semblables à ceux des
Malais ; ils sont faits de la même manière, seulement leur forme
est plus élevée, et leur sommet plus aigu.
Presque toutes ces cases ont au rez-de-chaussée, une petite
boutique qui étale tout son avoir sur un petit treillis de branches
, servant en même temps de volet. Ce sont des fruits,,
du tabac,„et d’autres menus objets de peu de valeur. On trouve