ment, et ne produisaient chaque année que cë qui
leur était strictement nécessaire pour vivre et payer
leur tribut. Pour y parvenir , on essaya d’abord de
frapper la récolte de l’impôt exorbitant du tiers de
son produit ; mais cette mesure n’était guère propre
4 encourager la culture. Le laboureur, frustré d’une
grande partie du fruit de son travail , aimait mieux
laisser une partie de la terre en friche que de se d onner
la peine de travailler pour un autre ; et les capitalistes
étaient peu disposés à placer leur argent dans
des entreprises agricoles qui devaient procurer une
si grande partie de leurs profits au gouvernement.
» Ce dernier système, qui a été Ion gtemps en vi-
gueur, et dont les mauvais effets se sont aggravés
avec le temps, a duré à Java jusqu’en 1830. Quelque
énorme que soit cet impôt territorial, qui demande
au cultivateur le tiers de ses produits, les Javanais
sont de trop bonne composition pour s’être jamais
révoltés contre de pareilles exigences. Mais leur
force d inertie en a fait mieux sentir les inconvénients
au gouvernement que toutes les révoltes possibles.
C’est sous l’administration très-éclâiréë du
général Vandenbosch qu’on a substitué à ce système
d’impôt, tout à fait improductif, l’impôt du travail.
Cet impôt paraîtrait bien oppressif si On voulait-l’éta-
blir dans un pays d’Europe. On peut dire plus, dans
l’état actuel de la civilisation, ce Serait impossible;
Mais à Java on l’a établi sans éprouver la moindre
résistance, et c’est à lui qu’est due cette grande extension
des cultures, et l’accroissement de richesses
que l’on remarque depuis quelques années. Voyons
en quoi il consiste.
» Depuis la nouvelle lo i, tout indigène doit chaque
année au gouvernement, comme tribut, soixante-six
journées de travail, c’est-à-dire près du cinquième
de son temps, à la réquisition des chefs de Son district.
Ceux-ci reçoivent les ordres du résident de la
province sur la nature de la culture à entreprendre,
et sur la répartition de.ce travail, qui est fixé d’après
les époques des labours et des récoltes. La partie de
ce temps, qui n’est pas consacrée à la culture des
terres concédées par le gouvernement aux colons est
emplpyée à l’entretien des routes, à la canalisation
des rivières, à tous les travaux d’utilité publique qui
ressortent du gouvernement, et aux corvées que nécessite
son service. Quand une fois le paysan javanais
a rempli cette lourde tâche* il peut disposer du
reste de son temps*et travailler pour ; son propre
compte, sans crainted’être jamais inquiété. Et, pour
1’engager à produire , le gouvernement à établi à sa
portée dans tous-les districts les plus reculés de l’intérieur
et les plus éloignés des villes, des- magasins
où il peut aller porter ses denrées, et les échanger
contre des marchandises ou de l’argent. Cette sage
précaution a été inspirée au gouvernement par la
connaissance parfaite qu’il a acquise du caractère du
peuple javanais. J1 fallait lui donner cette facilité
pour vaincre son indolence et satisfaire la vivacité
de ses désirs. Quand un objet fait envie à ces indigènes,
ils donneraient tout au monde pour le posséder