du célèbre docteur Blume, qui en eut jadis la direction.
Ce savant en a publié un catalogue des plus intéressants;
malheureusement, après la mort de ce
naturaliste, afin de faire quelques économies, on n’a
point cherché à le remplacer. Aujourd’hui c’est un
simple jardinier qui est chargé de l’entretien de ce
superbe établissement. Du côté de l’ouest, le jardin
est limité par la rivière qüi porte ses eaux à Batavia ;
mais à Buitenzorg cettë rivière présente l’aspect d’un
vaste torrent prenant sa source dans la montagne, et
roulant ses eaux avec fracas dans un lit large et peu
profond, garni de cailloux basaltiques entraînés là
par les crues pluviales. Sur les bords de ce petit
Cours d’eau, de jolis pavillons sont disposés en etablissements
de bains à l’usage des habitants du palais.
La chaleur, toujours si forte dans ces contrées aux
approches de midi, me fit rentrer dans le palais ; chacun
se disposait à faire la sieste ; quant à moi je ne pouvais
dormir; malgré ma demande, on n’avait pu me
procurer quelques journaux, dont la lecture m’aurait
aidé à passer mon temps, et je ne savais que faire, lorsque
le colonel Olyve vintmeproposer défaire une partie
de billard. J’acceptai volontiers, et bien que le billard
fût loin de répondre par sa. bonté au luxe qui existait
généralement dans le mobilier de cette résidence ,
nous en usâmes jusque vers les quatre heures. Il
paraît qu’à cette heure-là il est d’usage d’envoyer à
chacun des hôtes du palais une voiture et des chevaux
dont ils peuvent disposer pour aller promener
à leur volonté. J’en profitai avec d’autant plus de plaisïr
que l’inaction dans laquelle j’étais forcé de rester,
commençait à me fatiguer. Je parcourus les environs
de Buitenzorg, entourés par de nombreuses plantations
de riz et d’indigo. Du reste, j e ne vis rien de
bien remarquable, mais au moins j’attendis plus
patiemment l’heure du dîner, que je désirais vivement
voir arriver.
Enfin il était sept heures du soir, on vint nous prévenir
que le dîner était servi, et que bous étions attendus
par le gouverneur. Son excellence était en
costume d’oflicier général. Sa réception fut polie,
mais guindée et froide ; c.e fut à peine s’il échangea
quelques mots de pure politesse avec moi. Retranché
dans sa dignité, le général, que l’on me dit cependant
être un homme distingué, ne me parut pas avoir dans
cette circonstance toutes les formes qui conviennent
à un personnage dans sa position. Il était alors entouré
de sa fille, de sa belle-soeur et de ses aides-de-
camp, dont la politesse froide et cérémonieuse semblait
indiquer qu’ils avaient tous reçu le mot d’ordre.
Le dîner vint heureusement mettre fin à cette ennuyeuse
représentation.; Toutes les autorités et les
notabilités du pays avaient été invitées; le service
comportait au moins cinquante couverts. A en voir
le menu, on se serait cru en Europe, car il n’y manquait
aucune de nos productions. Chacun des convives
conserva, pendant toute sa durée, la gravité
officielle; jamais je n’avais vu une réunion aussi si
lencieuse. Chacun, >il est vrai, chuchotait à l’oreille de
son voisin, mais c’était la seule licence qu’il se per