Note 10, page 100.
Les Anglais fondèrent l’établissement de Singapour dans le
mois de février 1818 , mais sa possession souveraine, dans les
limites actuelles, ne leur en fut confirmée qu’en 1825, par un
traité avec le roi de Hollande et les princes malais de Djohor,
auxquels cette île appartenait.
Le gouvernement anglais donna 60,000 piastres pour cette
cession importante de terrain, et s’engagea de plus à payer à la
Hollande, ainsi qu’au sultan de Djohor, un tribut annuel de
24,000 piastres. Je ne sais pas trop si cette dernière clause du
traité n a pas été abolie dernièrement.
En venant ainsi jeter les fondements d’une colonie nouvelle
dans des mers que les Hollandais avaient considérées jusqu’alors
comme les leurs , l’Angleterre comprit qu’elle devait lui donner
en peu d’année^ une grande importance pour lutter av^ç avantage
contre le système colonial de la Hollande. Pour obtenir un
pareil résultat, elle fit de Singapour une ville à grandes franchises;
son port fut déclaré franc de tout péage, de tout droit ;
les concessions de terrain furent aussi larges que libérales , et
on accorda les plus grands avantages à tous ceux qui vinrent
s établir dans la colonie naissante.
Ce système fut couronné du plus beau succès : en 1825 , on
comptait à peine quelques familles de pêcheurs sur l’île de Singapour
; quelques misérables cases jetées çà et là sur le rivage ,
révélaient seules que cette terre était habitée, et voilà que
quinze années ont suffi pour y faire vivre aujourd’hui une population
de 20 à 22,000 âmes 1
L’activité commerciale a répondu de son côté à l’attente générale
: les Chinois, les Indiens, les diverses peuplades de la
Malaisie sont venus volontiers échanger à Singapour leurs produits
pour ceux que l’Angleterre y envoyait d’Europe, et ceux
que le colon trouvait dans le pays même. Il n’y avait plus là ces
retards, ces riens, ces entraves qu’on rencontrait dans les possessions
hollandaises ; les navigateurs n’ayant plus de péages onéreux
à solder y vinrent en foule apporter leurs marchandises, et
la colonie de Singapour ne tarda pas à prendre une importance
réelle qui se serait, je crois, développée bien davantage encore,
si l’Angleterre lui avait accordé autant de soin qu’à ses premières
possessions dans les Indes orientales.
On peut juger du système libéral qui a présidé à la fondation
de cette colonie nouvelle par la loi d’après laquelle on fait les
diverses concessions de terrain non défriché* Voici le sens de
cette loi : la portion de terrain accordée à un colon quelconque
ne payera aucun droit pendant les deux premières années.
Ce laps de temps écoulé, chaqufe arpent de la propriété était
alors frâppé d’un impôt très-minime qui restait le même pendant
vingt ans, pour être doublé ensuite jusqu’à la trentième
année. A cette époque, le propriétaire devait abandonner son
domaine au gouvernement, ou pouvait le conserver en se soumettant
à lui payer un impôt annuel et relatif à la valeur courante
que toute propriété pourrait avoir alors.
Gomme on le v oit, cette loi n’exige aucune mise première et
plip- accorde trente années dont le bénéfice total revient a 1 acquéreur,
car l’impôt exigé se réduit à rien. Ce système est encourageant
pour tous ceux que l’émigration n’épouvantera pas,
et qui pourront venir à Singapour avec une dizaine de mille
francs.
" (M. Mareseot.)
Note 1 1 , page 100.
Ün commerce assez considérable paraît avoir lieu entre Bornéo
et Singapour. Les principaux produits paraissent etre 1 antimoine,
l’étain , la poudre d’ôr et l’ivoire. Le principal article