jadis sur l’île de Célèbes ; qu’il avait été pris, avec plusieurs
de ses camarades par des pirates de Solo, sur une
barque où il s’occupait à faire la pêche. Cet esclave venait
de rompre ses chaînes, etdemandaiten grâce notre
protection, ajoutant qu’après ce qu’il venait de faire,
il serait promptement mis à mort si nous le renvoyions
à terre. Je l’eus bien vite rassuré, mais je ne
le reçus à mon bord qu’à la condition qu’il se tiendrait
soigneusement caché jusqu’après l’appareillage.
» Nous acquîmes plus tard la certitude que cet
homme nous avait dit la vérités Nous le remîmes, à
Sarnarang, entre les mains des autorités hollandaises,
qui promirent de le faire reconduire chez lui à la première
occasion. Il est probable que plusieurs malheureux
gémissent dans l’esclavage sur cette terre maudite
; mais leurs maîtres ont soin de les tenir cachés
dans l’intérieur des terres et de rendre par là leur
fuite excessivement difficile.
Déjà, la veille, le sultan m’avait fait dire que l’ai-
guade à laquelle je devais envoyer faire mon eau était
située près de sa demeure, au fond du canal. Mais
les capitaines marchands qui se trouvaient sur la rade
m’ayant prévenu que le ruisseau qui m’était désigné
ne donnait qu’une eau saumâtre et de mauvaise qualité,
je me décidai à envoyer nos chaloupes à l’aiguade
qu’ils me signalèrent. Le sultan m’avait envoyé un
vieillard appelé Antonio, ancien renégat de Manille,
et devenu l’homme d’affaires du datou Tahel. Je signifiai
ma volonté à ce messager, et comme il refusait
d’acconipagner nos chaloupes à une autre aiguade
que celle désignée par son maître, je le congédiai en
le chargeant de prévenir le sultan que j’étais las de
toutes ses hésitations, et qu’en envoyant mes embarcations
à l’aiguade fréquentée par tous les navires
marchands, je donnais l’ordre aux officiers qui les
commandaient de repousser la force par la force, au
cas où ils y seraient forcés.
Quelques instants après, nos chaloupes, guidées par
un homme d’un des navires de la rade, quittaient le
bord, bien armées d’espingoles, de fusils et de sabres,
et avec un équipage suffisant pour les mettre à l’abri de
toute espèce de coup de main. Je laissai tous les officiers
qui n’étaient point de service libres de se rendre
à terre. En même temps, M. Dumoulin devait profiter
de la circonstance pour faire quelques observations
de physique sur le bord de la mer.
La plage où nos canots accostèrent était déserte. Le
lieu de l’aiguade était facile à reconnaître par une
petite pointe de rocher, ombragée par un arbre magnifique
et dominant toute la forêt ; de chaque côté
de la pointe s’étendaient de belles plages de sable
blanc sur lesquelles le débarquement pouvait s’effectuer
sans aucune difficulté. Les sources désignées
pour y faire l’eau venaient sourdre au bord même de
la mer ; elles jaillissaient du sable en plusieurs endroits
et fournissaient en abondance une eau excellente.
Aussitôt arrivé à terre, l’officier commandant
établit des sentinelles pour assurer la tranquillité des
travailleurs, et en même temps plusieurs officiers
essayèrent de pénétrer dans l’intérieur des terres