serait avantageuse aux deux nations. Quelques-uns dé nos navires
embarquent ici du riz ou des chevaux pour Pile Bourbon.
Nos vins sont très-goûtés des Hollandais, de sorte qu’il serait
possible de baser des tarifs sur ces besoins réciproques. Mais, il
faut avant tout que nos marchands se pénètrent bien de ce principe,
qu’il n’existe point de commerce durable sans la droiture
et la probité : leur propre intérêt, à défaut de morale, devrait
leur inspirer ces deux vertus, q u i, malheureusement, sont encore
trop méconnues. On rapporte que peu de temps avant notre
arrivée à Batavia, la douane de ce port s’est aperçue que des
caisses q u i, d’après la déclaration, devaient contenir du vin en
bouteilles, étaient remplies de soieries et articles de mode, dont
les tarifs sont bien plus élevés que ceux qui pèsent stir les boissons.
Cette fraude avait déjà rapporté à son auteur d’assez forts
bénéfices, pour le dédommager des pertes résultant de la confiscation
, qu’on a évaluée à 40,000 florins. Après cet acte déshonnête
, il faut convenir que le commerce français aurait mauvaise
grâce à se plaindre des visites et des entraves qui peuvent peser
sur lui; un navire récemment arrivé de Bordeaux, ayant
appris la saisie des caisses, n’a pas osé tenter la vigilance de la
douane : il est parti pour Sourabaya, où il espère débarquer
sans encombre les prétendues caisses de vin.
t a principale industrie de Batavia est celle des distilleries
d’arak, liqueur forte résultant de là fermentation du rizâvec le
résidu de la canné à sucre et la noix de coco. On y fabriqué
aussi des briqueteries et poteries communes. Les tanneries he
méritent pas d’être citées, à cause de la mauvaise qualité de
leurs produits. La porcelaine de Chine, très-commune, est employée
par les indigènes.
( M. Roquemaurel. )
N o te 8, pa g e 8 7 .
Le lendemain de notre arrivée à l’hôtel d’Eürope, dès cinq
heures du matin, nous étions debout. Cette fois nous laissâmes
tout décorum de côté ; et nous nous mîmes en route en rêdin-
gottes et chapeaux de'paille. Nous croyions notre costume très?-
convenable; il était à peine six heures du matin; hélas! sans
nous en douter, nous commettions une grave inconvenance, et
nous én verrons plus tard-les fâcheuses conséquences. Dans ce
pays de luxe et de vanité , il faut, sous peine de passer pour un
vilain, paraître en public, sanglé, sabré, botté comme pour une
revue de l’amiral. Eh voiture, cela peut encore passer, mais nous
tenions à faire usage des bonnes jambes que dâmé nature nous
a départies , et l’on conviendra que la grande tenue eût été au
moins incommode:
" Nous voulions d’abord visiter la ville européenne. Pour ce
faire, nous prîmes en sortant de l’hôtel les bords du canalMoën-
liv e t, le prolongeant jusqu’à sa jonction avec celui de Ryswick.
Eriîface de nous s’élevait un splendide et vaste édifice , construit
avec un grand luxe d’architecture : c’est là que se réunit toute
là bonne société de Batavia. Outre d’immenses salons destinés à
donner des bals , l’Harmonie renferme de nombreuses salles de
billard, des cabinets de lecture , une bibliothèque choisie ; une
aileentière est consacrée à un cabinet d’histoire naturelle, lequel,
entre beaucoup de choses remarquables , contient toute une
famille d’orangs-outangs. II est impossible de voir rien de plus
hideux que ces animaux : sur un buste énorme que l’on se figure
une lourde et grosse tête presque sans col ; sa face plate comme
belle de tous lés singes, est entourée d’un grós bourrelet osseux ;
ses jambes, de six pouces de longueur au plus, sont terminées
pâr d’énormes pieds plats ; que l’on ajoute à cela une paire de
longs bras, un poil noir, rare et long , et l’on aura une faible idée