10,000 soldats européens, les Hollandais se considèrent
comme maîtres absolus du pays, et n’ayant rien
à redouter de l’intérieur. En revanche, les Anglais,
qui entourent toutes leurs possessions et semblent
convoiter l’île de Java, dont ils ignoraient le prix
quand ils l’ont rendue à leurs anciens maîtres, inspirent
au gouvernement de Batavia les craintes les
plus sérieuses, en cas de rupture avec cette puissance.
Tous ses efforts tendent aujourd’hui à concentrer
ses forces dans l’intérieur de l’île , à y bâtir une
capitale, et à créer des positions militaires hors des
lieux de débarquement, afin de pouvoir à la fois
maintenir ses vassaux dans la soumission, attendre
de pied ferme l’ennemi après lui Avoir laissé consu-
mer son ardeur dans des attaques de guérillas , et
1 avoir forcé de subir, avant de se mesurer avec le
gros des forces hollandaises, l’influence des maladies
si funestes aux Européens sur le littoral, et qui sont
un des moyens les plus puissants de défense que la
nature leur a donnés pour repousser une agression.
Cette tactique paraît très-ratîôntielle. La facilité avec
laquelle Java fut pris en 1811 prouve que le système
de défense d’alors était mauvais ; celui qu’on se propose
de suivre aujourd’hui peut seul balancer, dans
la lutte, l’inégalité qui existe entre la marine hollandaise
et celle de la Grande-Bretagne, qui pourra toujours,
quand elle le voudra, débarquer beaucoup de
troupes à la fois sur un point quelconque du littoral
de cette grande îlè.
»Depuis l’accroissement du territoire hollandais,
dont j’ai parlé, la grande culture a augmenté considérablement
à Java, et ses produits sont le triple de
qu’ils étaient il y a. vingt ans. Toutes les vues du
gouvernement ont été tournées de ce côté, et, pour
cela, il a fait de grands avantages aux colons qui ont
voulu s’établir et défricher la plupart de ces nouveaux
terrains, que la culture a rendus d’une fertilité
sans exemple.
»Dans le principe, tout Hollandais offrant des garanties
de moralité , qui voulait y consacrer son travail
et son industrie, recevait du gouvernement,
avec une concession de terre pour vingt ans, des
avances considérables qui le mettaient à même de
créer, sur ce terrain, des sucreries, sans avoir besoin
d’y engager le moindre capital à lui. La seule
condition qui lui était imposée était de livrer au gouvernement
ses produits de sucre ou dé café, à un prix
fixé par un tarif fort raisonnable, quoique au-dessous
du cours de la place. Le remboursement des avances
qui lui avaient été faites était prélevé d’abord sur le
prix des récoltes de première année : on n’exigeait
de lui aucun intérêt pour ces avances. On conçoit
qu’avec de tels encouragements;les industriels affluèrent
bien vite à Java : ils y étaient surtout attirés par
les fortunes rapides que firent les premiers concessionnaires.
Depuis le tarif des produits a beaucoup
diminué, et a réduit les bénéfices des cultivateurs en
augmentant ceux du gouvernement. Elle est la source
des grands revenus qu’il tire de l’île de Java, qui
précédemment ne lui rapportait rien, et celle de