combien nous autres Français nous fûmes coupables
aux yeux des habitants de la ville de n’avoir pas toujours
respecté leurs exigences.
Notre première visite fut pour M. Lanier et M. Bo-
rel, qui est tout à la fois son gendre et son associé.
Nous trouvâmes ce dernier à sa maison de commerce,
où il nous reçut avec la plus grande politesse ; M. Lanier
était retenu chez lui par les suites d’une chute
qu’il avait faite quelques jours auparavant. M. Borel
se chargea en son absence de procurer à nos corvettes
tous les vivres dont elles avaient besoin ; il mit en
outre à la disposition de M. Dumoulin une vaste cour
où se trouvait un hangar parfaitement disposé pour
abriter les instruments de physique, qui y furent immédiatement
placés en observation. Nous nous rendîmes
de là chez M. Becq, résident de Batavia, et la
première autorité de cette ville en l’ab&ence du gouverneur.
La réception qu’il nous fit fut froide quoique
polie. Nous visitâmes ensuite le contre-amiral
Lucas, commandant supérieur de toutes les forces
maritimes hollandaises dans les mers de Java. M. Lucas
nous accueillit avec beaucoup de franchise et
d’amitié; il témoigna des dispositions les plus bienveillantes
en notre faveur , et chercha à nous exprimer
combien il regrettait d’être obligé de partir sous peu
de jours pour aller en inspection à Sowrâbaya. Le général
Cokius, commandant supérieur des forces militaires,
à qui nous nous présentâmes ensuite, nous
fit aussi un accueil flatteur, et montra un vif intérêt
pour nos travaux. Enfin nous allâmes faire visite
DANS L’OCÉANIE. m
au plus ancien des membres du grand conseil,
M. Goldman; il parut surpris de notre présenee, et,
sans nous offrir un siège, il nous demanda à plusieurs
reprises si nous avions vu le général Cokius; ce furent
les seules paroles qu’il voulut bien nous adres-
ser. Nous nous hâtâmes donc à notre tour de lo saluer
et de nous retirer, et quelques minutes après, nous
entrions dans la maison d’habitation de M. Lanier.
Nous nous retirâmes ensuite à nos bords respectifs,
emportant avec nous tous les journaux français que
l’on avait pu nous procurer, et que nous étions avide»
de parcourir.
Le lendemain, de grand matin, la rade présentait
un coup d’oeil des plus animés : plusieurs navires
déployaient leurs voiles pour quitter le mouillage,
d’autres arrivaient-des ports d’Europe et venaient
chercher des cargaisons. Chacun de ces vaisseaux
marchands, portant pavillon hollandais, saluait la
place de sept coups de canon en Laissant tomber ses
ancres; et aussitôt le stationnaire répondait à ce salut
par cinq coups dosa batterie. Des milliers d’embarcations
pesamment chargée» se croisaient sur les
eaux tranquilles de la rade; nous nous retrouvions
au milieu d’un grand port 4e commerce. De notre
côté, nous ne perdions aucun moment pour réparer
notre gréement, et renouveler notre provision d’eau.
Nos chaloupes se dirigeaient à terre pour y faire leur
chargement ; ellesétaient montées par des Malais que
nous avait envoyés le stationnaire, afin de préserver
nos matelots des maladies qu’engendrent sur ce ri