au-dessus d’un petit feu, jusqu’à ce que l’écaille se
soit détachée de leur corps. Il faut peu de temps
ensuite à la tortue pour së munir d’une nouvellè
enveloppe, et on assure qu’elle peut donner chaque
année quatre fois des écailles nouvelles.
» L’île de Bornéo fournit beaucoup de perles. Les
bancs sur lesquels on les pêche sont tous situés dans
la partie septentrionale de l’île.
»Enfin on recueille à Bornéo une grande quantité
de pierres dites bezoard qui se trouvent dans la tête
de certains animaux tels que les singes, les porcs-épics
et les cerfs. On les désigne dans le pays sous lés
noms de Gouliga-Monjet, Gouliga-Landak et Gouliga-
Roussa. On emploie cette pierre dans la médecine et
surtout pour neutraliser les effets des poisons. On
l’exporte en abondance pour la vendre dans les autres
parties de l’Inde où elle est fort recherchée ; sur
les lieux mêmes, elle se paye un prix très-élevé. » -
Pendant toute la nuit j’avais fait route pour m’éloigner
de la côte et gagner le large, aussi je fus très-
étonné, lorsque le jour commençant à se faire, nous
nous trouvâmes entourés de tous côtés par la terre;
bientôt je reconnus, dans l’îlot le plus rapproché’
1 île Haycock ; il n’y avait pas de doute que pendant la
nuit des courants excessivement rapides nous avaient
entraînés; je me félicitais alors d’avoir pris la détermination
de m’éloigner de la côte , car sans cette
précaution nous eussions probablement été, poussés
pendant la nuit au milieu des îles Natunas où nos corvettes
eussent été exposées à des dangers nombreux.
Le ciel était chargé de nuages du côté de l’ouest ; bientôt
en effet dans cette partie l’atmosphère fut sillonnée
par de nombreux éclairs accompagnés par la foudre.
Nous fûmes assaillis par des vents violents qui nous
forcèrent à serrer promptement nos 'voiles. Toutefois
la bourrasque fut de courte durée, une belle brise
lui succéda ; nousfranchîmes lestement le groupe des
Natunas dont nous n’aperçûmes les grandes terres que
de fort loin , et le soir nous n’étions qu’à sept milles
environ de la terre de Bornéo. Elle se termine à la
mer par une pointe assez arrondie dominée par une
haute montagne conique;; Tous les sommets que
nous avions aperçus dans cette direction, et qui figuraient
des îles séparées, étaient réunis et semblaient
former une chaîne continue que je crois être la chaîne
des montagnes à antimoine.
La pointe sur laquelle nous étions venus atterrir est
probablement celle désignée sur lié cartes sous le
nom de Tanjong-Api; je donnai la route au N.-E.
pour la nuit en recommandant de sonder régulièrement
et de tenir les ancres prêtes à être mouillées au
cas où nous eussions rencontré un de ces'nombreux
récifs dont ces mers paraissent être semées ; le bras-
siage quoique faible (15 à 20 brasses) fut assez régulier,
au point du jour nous aperçûmes encore les plus
septentrionales des Natunas, ainsi qu’une petite île qui
m’était inconnue ; la surface de la mer était couverte
de mollüsquès et de serpents d’eau, dont nos naturalistes
augmentèrent leurs collections de plusieurs
échantillons ; enfin à midi toutes les terres avaient