je conduisis Y Astrolabe dans la rade d’Àmboine où
il était alors gouverneur des Moluquès. Sur ma
route, je rencontrai M. Diard qui me conduisit au
Muséum de la ville dont il est, je crois, conservateur.
Cette collection me parut riche en productions
du pays ; elle renferme un grand nombre d’oiseaux,
presque tous Originaires du grand archipel
d’Asie ; j’y remarquai aussi plusieurs quadrupèdes
et une grande variété de singes; tous ces animaux
étaient empaillés, je m’arrêtai surtout à examiner un
groupe de trois orangs-outangs, composé d’un mâle
et d’une femelle adultes avec leur petit; ils étaient parfaitement
préparés, toutes leurs formes étaient bien
conservées, et j’ai rarement vu des singes plus laids
et d’un aspect plus repoussant.
MM. Dumoutier et Hombron étaient occupés à étudier
en détail chacun des échantillons de cette précieuse
collection ; je les y laissai pour me rendre à la belle
maison de campagne qu’habite M. Merkus dans le quartier
de la haute ville. Je reçus de ce haut fonctionnaire
un accueil poli, mais qui était loin toutefois de celui
auquel je devais m’attendre, d’après l’amitié.que nous
avions contractée lors de mon dernier voyage. Je rèstâi
peu de temps chez M. Merkus ; nous dévions, du reste,
nous revoir chezde général Cokius de qui j’avais reçu
une invitation à dîner pour le lendemain. Toutes les
autorités principales de Batavia avaient été réunies
par le général pour assister à ce repas donné en notre
honneur ; là table était parfaitement servie, et madame
Cokius en faisait les honneurs avec une grâcè
charmante. La soirée se passa fort agréablement, je jg?
ne me retirai que fort tard en compagnie du capitaine
Jacquinot, laissant MM. Dubouzet et Hombron,
qui comptaient au nombre des convives, et qui préféraient
aller passer la nuit à l’hôte} 4e Provence où
se trouvaient logés une grande partie des officiers.
J’aurais certainement mieux aimé aussi coucher à
terre plutôt que de faire un long trajet dans mon embarcation
pour regagner mon bord, d’autant mieux
que le vent soufflait du large et que la mer brisait
fortement sur la barre et la rendait dangereuse ;
mais j’avais vu le colonel Olyye chez M. Cokius, et
j’avais pris rendez-vous avec lui pour le lendemain,
afin d’aller à Buitenzorg. J’étais bien aise de prendre
mon point de départ de Y Astrolabe, afin de lais-
ser mes instructions pour activer l’embarquement
des provisions, ainsi que les travaux qui avaient pour
but de remettre nos navires en état de continuer
leur campagne. 15
A six heures du matin, j’étais à terre avec M. Jacquinot
; une tasse de café nous attendait chez le colonel
Olyye, et une heure après un des fourgons
du gouvernement, traîné par quatre chevaux vigoureux,
nous emportait sur la route de Buitenzorg.
MM. Hombron et Dubouzet avaient été présentés la
veille par le général Cokius au conseiller des Indes,
M. Wanschoorn. Ils durent à cefte circonstance
l’offre qu’il leur fit de les conduire à cette demeure
royale,.et de les ramener avec lui dans sa voiture. Un
instant ces officiers hésitèrent d’accepter ces offres