1839. d’accepter une chambre chez lui, mais je refusai, se-
Ion mon habitude, de quitter mon bord.
La journée était trop avancée pour pouvoir descendre
à terre le soir même et faire ma visite au
29 gouverneur. Le lendemain, au lever du soleil, 21
coups de canon saluèrent la place et le pavillon
espagnol ; le fort nous rendit notre Salut, et ensuite
Y Astrolabe et la Zétée fêtèrent, de 21 coups
de canon chacune, l’anniversaire de notre glorieuse
révolution. Ces salves attirèrent rapidement la population
de la ville sur le rivage , et lorsque, quelques
instants après, je descendis à terre avec le
Capitaine Jacquinot, la foulé se demandait encore,
avec curiosité, quel était le motif pour lequel nos
corvettes s’étaient pavoisées et avaient tiré tant
de coups de canon. Grâce à notre visite, les habitants
de cette paisible cité savent maintenant
que, il y a neuf ans, la France a eu une révolution.
Samboangan n’à point dé débarcadère; quelques
pieux fichés en terre , à 8 ou 10 mètres du rivage ,
indiquent seulement qu’il y eut jadis une jetée, ou
plutôt que l’on eut l’intention d’en construire une
qui est restée inachevée. Quoi qu’il en soit, il n’est
pas facile de débarquer avec lés embarcations; on
ne trouve pas de grands fonds près de la côte, et il
faut que les matelots se jettent à l’eau et vous portent
sur leurs épaulés jusqu’au rivage.
En débarquant sur la place, à côté des piquets du
débarcadère dont je viens de parler, on se trouvedevant
un corps-de-garde en planches ou veillent quelques
soldats indiens assez mal armés et mal entretenus#
Sur la droite s’élève le fort Saint-Philippe,
vaste construction en pierres paraissant encore en
bon état; il est entièrement isolé, par une grande
place, de là ville qui s’étend sur la gauche ; au milieu
de cette place, sur laquelle on arrive après avoir
franchi une barrière en planches èt un fossé assez
profond, on aperçoit une maison isolée j dont
les parois sont faites en bambous; cette maison est
une création du gouverneur actuel qui, dans sa
sollicitude pour ses administrés, a voulu établir un
théâtre à Samboangan ; il a organisé lui-même une
troupe de comédiens, et même il est.allé, dit-on, jusqu’à
composer des pièces de circonstance ; mais ses
efforts ne paraissent pas avoir été couronnés de succès,
car la salle de spectacle' est dans un état complet de
décadence.
- Sur la place, èt en face du fort, s’élève la maison
de M. de la Cruz. Cette habitation entièrement construite
par les matelots des chaloupes canonnières,
est remarquable entre toutes les autres par sa forme
européenne et sa grandeur; elle ne comporte cependant
qu’un étage, elle est entièrement bâtie en bois,
et certes elle eût peu frappé nos regards par son architecture,
si nous nous fussions trouvés dans une ville
autre que Samboangan. Nous nous y dirigeâmes tout
d’abord : nous trouvâmes M. Dumoulin qui dès la
veille avait mis tous ses instruments çn observation
dans un hangar voisin, et qui en occupait le rez-de