vailler pour eux sans être payés, quand ils ont
acquitté leur tribut envers l’état. Mais l’ancienne
habitude de respect pour les chefs prévaut tellement,
que la plupart des indigènes se portent d’eux-
mêmes à ces travaux, et les exécutent par attachement
pour eux. L’influence de ceux-ci, dévoués aux
Hollandais, qui les payent bien, fait la force du pouvoir
que cette nation exerce à Java. Le peuple , qui
jouit de la paix, s’aperçoit peu du joug, puisqu’il est
toujours dirigé par ses chefs, et ceux-ci n’ont aucun
intérêt à réunir toute la population et à constituer
cette unité qui seule pourrait rendre au peuple de
Java le gouvernement de son pays. Ils ont gagné, au
contraire, à se soustraire à l’autorité des souverains
de l’intérieur, héritiers du puissant empire de Mad-
japahit, dont ils n’ont conservé que quelques lambeaux
déchirés.
» De temps à autre, il y en a cependant qui laissent
échapper des regrets.pour l’ancien ordre des choses,
et qui, fatigués de la domination étrangère, manifestent
leur mécontentement par des actes isolés de rébellion.
Mais leur appel aux armes trouve les masses
sourdes à leur voix, et ces tentatives, qu’on peut qualifier
de folles, quelque noble que soit le but qui les
inspire, échouent faute d’appui. Ces hommes courageux
ont cependant les sympathies du peuple, car le
sentiment si vivace de l’indépendance nationale n’est
pas tout à fait éteint dans son coeur. Mais cette flamme
indestructible ne jette que de faibles lueurs, et non
des flammés assez vives pour rallumer le flambeau du
patriotisme, qui pourrait seul produire r affranchissement
du pays. Celui des Javanais ne se manifeste
que par de stériles regrets du passé, et une haine instinctive
, mais silencieuse, pour la race qui l’opprime,
tout en reconnaissant sa supériorité. Pour
eux, la conquête semble un fait accompli pour toujours
; ils s?ÿ résignent comme à un arrêt de l’inexorable
destin. Le fatalisme de leurs doctrines religieuses
vient au secours de leur apathie et de leur indifférence
native, pour les aider à courber silencieusement
le front devant cette nécessité^ et il leur rend l’obéissance
plus douce.
v » Quoique les Javanais soient fort mauvais mahomé-
tans , les prêtres de' cette religion, qui sont très-
nombreux et qui sont chargés de l’enseignement de la
jeunesse, exercent assez‘d’influence pour que le gouvernement
se çroie obligé de les ménager, et d’avoir
toujours les yeux fixés sur eux. Les: Arabes, qui viennent
en assez grand nombre commercera Java, renoncent
aujourd’hui à en fanatiser les habitants; ils n’exploitent
plus guère lecrédit que leur donneleur qualité
de compatriotes et de sectateurs du prophète, que dans
l’intérêt de leujmégoce. Absorbés comme ils sont par
les intérêts matériels, ils s’occupent plus d’accroître
leurs richesses que de propager leur foi. Le gouvernement
hollandais, en donnant une subvention aux
prêtres qui dirigent les écoles dans les villages, a
réussi parfaitement à répandre, dans toute l’île, l’usage
de la vaccine sans rencontrer de résistance. G’est
un des plus grands bienfaits dont il ait doté cette po-
VII. Ô