succès, contre une attaque de la part des naturels.. La petite
colline sur laquelle vieillissait paisiblement notre arbre séculaire,
formait une façon de presqu’île accessible d’un côté seulement.
Une quinzaine d’hommes armés auraient, je crois, tenu en res«
pect un nombre quatre ou cinq fois plus fort d’insulaires hostiles.
A mer tout à fait basse, l’eau était potable à dix et quinze
pieds du rivage ; je consigne ce fait parce qu’il m’a paru remarquable;
j’ai goûté plusieùrs fois l’eau à divers endroits, et j’ai
partout trouvé qu’elle était douce aux sept huitièmes environ.
Ce fa it, d’ailleurs, m’a paru facile à expliquer : l ’ile de Solo
offre partout un terrain accidenté de hautes montagnes boisées ;
le petit nombre de plaines qu’on y rencontre sont elles-mêmes
couvertes de forêts ; inondé fréquemment par les fortes pluies
des régions équatoriales, ce terrain élevé en pente rapide au-
dessus du niveau de la mer, doit nécessairement rapporter à
cette dernière toutes les eaux pluviales qui viennent fréquemment
l’arroser et le vivifier. Les bois épais qui le recouvrent à peu près
partout, empêchent le soleil d’agir par absorption ; il én résulté
donc que les eaux, en arrosant ce terrain incHàé, n’y laissent que
ce qui est nécessaire en fait d’humidité, et viennent, par infiltration
, se perdre dans la mer.
(M . Marescot.)
Note 18, page 202.
Je suis allé faire visite à bord d’un bâtiment espagnol, la M i-
ne rva de Manille ; le second nous a offert de nous conduire sans
danger à terre visiter le ministre de la marine, le plus riche da-;
tou de la contrée ; il nous apprend que le son du tambour qui
nous avait conduits à terre, avait répandu la terreur; selon les
habitudes du pays, c’était un signal de guerre, et le son du gong,
qui rassemble les guerriers, s’était fait entendre ; c’est pour cela
que nous avions trouvé toute la population en armes. L’opinion
générale des habitants était que nous étions l’avant-garde d’une
expédition hollandaise, dont ils avaient reçu avis de Bornéo ; la
similitude des couleurs du pavillon avait encore contribué à
cette méprise, et c’est à peine si notre visite pacifique les avait,
détrompés ; une partie des femmes, des vieillards et des enfants
étaient réfugiés dans les montagnes, avec ce qu’ils avaient de
plus précieux.
Après le dîner, nous allâmes, M. Gervaize et moi, à la case du
ministre de la marine, accompagnés de l’officier du navire espagnol.
Le datou avait été prévenu quelques heures auparavant
de notre visite : il était entouré de tous les gens de la maison,
armés jusqu’aux dents ; la première chose qu’il me demanda en
entrant fut — si nous faisions la guerre ou si nous étions amis.
HÉ Amis,-, 'lui répondis-je, et il me tendit les‘deux mains en
signe d’acquiescement; m’ayant fait asseoir à côté de lu i, il
me demanda si nous n’étions pas Hollandais, me fit part des
soupçons que l’on avait conçus à notre arrivée, me fit expliquer
plusieurs fois la différence qui existait entre notre pavillon et
celui des Hollandais, et comme notre conversation se passait
en espagnol, de temps en temps il faisait connaître aux spectateurs
mes réponses en les traduisant en langue de Soog. Les
figures de ceux qui nous entouraient commençaient à prendre
un aspect moins sombre à mesure que mes explications leur
parvenaient, quelques-uns sortirent même et parlèrent à la
foule qui entourait la maison, et qui se dissipa peu à peu.
Le datou me fit une question assez insidieuse : Puisque vous
êtes nos amis, me dit-il, si les Hollandais venaient nous attaquer,
nous défendriez-vous ? Je lui fis comprendre assez difficilé-
ment que nous étions aussi amis des Hollandais, et que n’ayant
aucune raison de leur faire la guerre, un tel cas échéant, nous
resterions neutres. Alors il me demanda quelles marchandises
nous apportions pour trafiquer, et me dit qu’il avait* à nous don--
ner en échange des nids d’hirondelle , de la nacre, de l’écaille,
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