PI. CXLI.
se passa fort agréablement et se prolongea fort tard.
La rade de Samboangan est assez sûre pendant la
mousson de l’e st, mais elle est ouverte aux vents
d’ouest depuis le S. O. jusqu’au N. O., aussi n’est-
elle fréquentée que par les navires en passage qui
reviennent de la Chine ou qui y vont à contre-mousson.
Sa position sur le détroit de Bassilan y .attire
chaque année un grand nombre de bâtiments qui
viennent y chercher soit de l’eau, soit des provisions
fraîches pour continuer leur traversée ; tous y sont
admis sans payer aucun droit, seulement il leur est
défendu d’y faire le commerce, car Samboangan n’ est
considéré par le gouvernement de Manille, que comme
un presidio, un simple poste militaire où il n’y a
pas de douane établie. Le gouvernement espagnol
n’exige pas même des droits d’ancrage.
J’avais destiné la matinée du 30 juillet à passer
l’inspection delà Zélée. A sept heures, je me rendis
à bord de cette corvette ; puis à neuf heures arrivèrent
MM. Sanz et les lieutenants de vaisseau de la
Cruzet Acha, que M. Jacquinot avait conviés" à déjeuner.
La table était dressée sur le pont du navire ;
le repas fut des'plus gais ; il se prolongea jusqu’à
midi, heure consacrée par les Espagnols pour commencer
la siesta; avant de nous séparer nous prîmes
rendez-vous pour trois heures de l’après-midi, afin
d’aller faire une course dans la campagne.
Je profitai du temps qui me restait pour passer en
détail l’inspection de Y Astrolabe, et à l’heure prescrite
nous nous trouvâmes devant la maison du gouver-
DANS L’OCÉANIE. 215
neur. Celui-ci avait mis en réquisition tous les chevaux
de la colonie, au nombre de quatre , sans compter
ceux de sa voiture, afin de nous les offrir. Notre
promenade avait pour but de visiter la célèbre ferme
de Toumanga. M. Jacquinot accepta la place que le
gouverneurluioffritprèsde lui danssa voiture. MM.Duboiizet,
Dumoulin et moi, nous préférâmes monter
à cheval. M. de la Cruz se mit à notre tête, et bientôt
nous eûmes traversé la ville et gagné la campagne.
Tous les voyageurs qui ont visité Samboangan ont
parlé du beau site de la Toumanga : le chemin qui
y conduit, forme en effet une des plus délicieuses promenades
que l’on puisse rencontrer ; mais la route
est mal entretenue et présente des obstacles presque
insurmontables pour les voitures. Aussi, nous eûmes
bien vite laissé, derrière nous le gouverneur et le capitaine
Jacquinot, qui avaient craint l’exercice du
' jÿeval. Nos paisibles coursiers, quoique marchant
à peu près, toujours au pas, malgré les nombreux
coups de cravache que nous leur administrions
afin de les encourager, dépassèrent facilement la
voiture , qui. était obligée de .s’arrêter souvent afin
d’échapper aux ornières profondes qui sillonnaient
la route. A chaque instant MM. Sanz et Jacquinot
mettaient pied à terre dans la crainte d un accident
qui cependant n’arriva pas.
Une petitè rivière longe le chemin delà Toumanga,
en faisant mille circuits qui augmentent la beauté du
paysage. Bien que la route traverse en trois ou quatre