183«. pulâtion. La facilité avec laquelle il y est parvenu
prouve que le fatalisme des mahométans n’a pas
poussé de profondes racines dans le pays, et que ce
peuple pourrait se prêter avec le temps à bien d’autres
innovations.
» On n’a pas osé jusqu’ici, dans la crainte de trop
froisser les préjugés du peuple, établir un état civil
pour les indigènes. Les Javanais, comme tous les mahométans,
ignorent donc leur âge, et le gouverne*
ment se trouve ainsi privé du meilleur moyen qu’il
aurait pour établir un recensement exact de la population.
Néanmoins , grâce à la division dé cette
population en quartiers dans les villes, et en petits
villages, ayant tous un chef qui n’a sous son autorité
qu’un petit nombre de familles dont il connaît chaque
membre, on en possède le chiffre d’une manière
assez exacte ; on l’évalue aujourd’hui à près de 9 millions
d’habitants, quoique les derniers recensements
officiels, déjà anciens, ne la portent qu’à 7,500,000,
Les Hollandais considèrent qu’avec le terrain qui
reste encore à cultiver dans l’île, celle-ci peut facilement
nourrir un nombre triple d'habitants ; ils voient
aussi avec plaisir l’augmentation qui a eu lieu dans
la population depuis leùrreprise de possession en 1845.
On compte, dans cette population, 200,000 Chinois
payant le tribut. Ils sont répartis dans toutes les villes
du littoral, car il leur est défendu, ainsi qu’aux étrangers
d’Europe, de s’établir dans l’intérieur. Les Chinois
ont rendu de grands services aux Hollandais pendant
la dèrnière guerre de Java, lorsque Diepo-Nigoro
leva l’étendard de la révolte; ils ont des intérêts
communs avec eux, et ils forment un noyau d’auxiliaires
assez considérable pour balancer la force dé
la population indigène, en cas de rébellion ; cependant
le gouvernement redoute l’esprit d’intrigue etl'induè-
trie de ce peuple, qui en font, dans le commerce, de
terribles concurrents pour lés Européens. Il établit
donc sur eux des taxes considérables, fi les soumet à
une foule de petites vexations, et il en exige des cautionnements
quand ils se présentent dans le pays, afin
d’arrêter autant que possible le flot d’émigrants du
céleste empire qui envahit chaque année l’île de Java.
» Le budget annuel des dépenses du gouvernement
de Java s’élève à 8,000,000 de florins, y compris les
frais qu’on est obligé de faire pour soutenir les
établissements de Sumatra et ceux de la Malaisie,
dont les revenus ne suffisent pas à leur entretien.
Sont exceptées les Moluques et Banca, qui ont besoin
de subvention : ces colonies ne donnent de boni
que grâce au monopole'de l’étain et des épices qui
rapporte encore beaucoup. Les revenus se composent
des recettes de la douane, de l’impôt de capitation,
tribut vulgairement appelé droit de queue des Chinois*,
de la régie de l’opium, deî’arack, et dé toute
* On appelle ainsi ce droit parce que les Chinois seuls, qui
ont conservé leur queue, y sont soumis ; c’est l’indice qu’ils
conservent leur nationalité. Bien peu y reûoncent, quel que soit
le nombre de générations qui se soient éçouléfcâ depuis que leurs
pères ont quitté la Chine, et quelque mêlé que soit leur sang avec
celui des Javanais. Ils sont trop fiers dé leur pays, ils tiennent
1830,
Juiti.