prit de suite dans toutes les entreprises, et par cette
politique habile, quoique unique dans ses moyens,
que les Hollandais parviennent à fonder si vite leur
domination. N’ayant d’autres vues que celles d’agrandir
leur commerce , ils se distinguent toujours
par leur respect le plus absolu pour la religion, les
moeurs et les coutumes des peuples , envers lesquels
ils conservent encore cette dignité froide, qui supplée
si bien au nombre pour en imposer. La plus
grande probité est observée par eux dans les relations
privées ; ils sentent bien que ce serait se créer de
grands embarras que de vouloir régner sur les Javanais
comme sur des sujets , sans l’intermédiaire de
leurs chefs. Ils se gardent donc d’affaiblir ce respect
absolu que ceux-ci leur accordent, et ils s’en font un
appui en leur donnant des chaînes d’or : lés Hollandais
ont réussi à fonder de cette manière la domination
qui est à la fois la plus convenable et la plus
profitable qu’on puisse établir sur un peuple conquis,
puisqu’elle ne froisse que très-peu ses préjugés et ses
intérêts. Si l’on remarque qu’ils se sont écartés quelquefois
de cette ligne de conduite, les exceptions sont
rares, et c’est généralement dans F intérêt du peuple,
qui le comprend* et subit presque sans résister la
nouvelle loi qu’on lui impose.
» Aujourd’hui la population , la production et les richesses
se sont tellement aecrues dans cette grande
île, et le sort du peuple a subi tant d’améliorations,
que de tels résultats justifient, si cela est possible, ce
qu il y a de blâmable dans cette politique, dont la
maxime odieuse « diviser pour régner » a été constamment
suivie dans les Indes. Les mesures tyranniques
employées pour établir le monopole des épices
s’atténueront aux yeux de la postérité, et seront attribuées
en partie aux erreurs du siècle qui les vit
adopter. Elle rendra justice aux Hollandais en reconnaissant
que, malgré les accusations portées par l’histoire
contre leur nation, c’est elle dont les actes ont
toujours été les plus empreints de sagesse ; qui comprit
le mieux la colonisation, et répandit le moins de
sang pour établir sa domination sur les contrées lointaines
où elle aborda.
»La grandeur de leur nouvel empire, le rôle brillant
que les Hollandais ont joué, grâce à leurs travaux,
leur industrie, leur activité et leur courage, est
bien digne du peuple qui conquit si chèrement, sur
une nation puissante, l’indépendance d’un sol qui
était déjà, à des titres si légitimes, sa propriété,
puisqu’il l’avait arraché lui-même aux flots de l’Océan.
» Après ces considérations, et l’aperçu qui précède
des principaux événements qui ont accompagné la
fondation de cet empire, nous sommes amenés naturellement
à parler de son organisation politique actuelle.
» Depuis que le gouvernement hollandais a succédé
à la compagnie des Indes dans toutes ses possessions,
un gouverneur général, dont le pouvoir est immense,
y exerce les fonctions souveraines * d’après les lois,
les coutumes et la haute direction du gouvernement