longtemps et fut écouté avec recueillement* Enfin arriva
mon tour : dans quelques mots, je traçai rapidement
l’itinéraire de ma campagne j et je développai
son but et son utilité, enfin j’énumérai les découvertes
scientifiques de l’expédition. Je cédai ensuite la place
à M. Diard qui vint occuper la tribune en se faisant
suivre d’ün manuscrit dont le volume énorme avait
quelque chose d’effrayant ; il prononça un discours
remarquable par sa longueur et sa diffusion ; il termina
par proposer à la société d’établir sur plusieurs
points de l’intérieur de Java des observatoires météorologiques
munis d’instruments, afin d’y faire
des observations suivies. Les dépenses approximatives
pour ces établissements étaient estimées par l’orateur
à 100,000 florins, il conclut en demandant
à la société de vouloir bien s’imposer une souscription
pour couvrir cette dépense. Le président annonça
que la proposition de M. Diard serait prise eh
considération et que la discussion serait renvoyée à
une autre séance, puis il proposa de recevoir M. Jact-
quinot au nombre des membres honoraires de la société.
Cette dernière communication reçut l’approbation
de tous, et la séance fut levée. Il était tard,
nous nous hâtâmes de rejoindre nos corvçttes afin
de remettre à la voile le lendemain de grand matin.
Ce même jour, il devait y. avoir, dans les vastes salons
du bâtiment de YHarmony, un concert donné
parla garnison, et auquel avaient été invités tous les
officiers français. Mais depuis dix jours que nous
avions passé en relâche sur la rade , c’était la première
invitation qui parvenait à nos états-majors ,
ils la refusèrent d’autant mieux que la fête aurait pu
se prolonger bien avant dans la nuit, et que chacun
devait le soir même rallier son navire, le départ étant
fixé au lendemain.
Comme je l’ai déjà dit, les officiers de nos corvettes,
désireux de jouir à terre des quelques jours de repos
destinés à notre relâche, s’étaient établis à l’hôtel de
Provence. Là, délaissés par les officiers dé la garnison
et les autorités hollandaises, tous leurs loisirs étaient
employés à la promenade ; nous devons à ces circonstances
plusieurs observations curieuses sur les
quartiers de Batavia qui sont exclusivement occupés
par les Jàvavais et les Chinois, ainsi que sur les
moeurs des populations qui les habitent. Avant de
remettre à la voile pour nous éloigner de la rade,
nous jetterons un dernier regard sur cette grande
cité, et nous irons parcourir ces quartiers oubliés où
l’Européen met rarement le pied, et qui, jusqu’ici,
ont eh partie échappé à ses investigations; M. Demas
sera notre guide dans cette excursion: « Après dîner,
nos voitures nous attendaient, et nous partîmes
tous à la queue leu leu, laissant à nos cochers le soin
de diriger nos promenades. Comme celui de tout l’archipel
indien, le climat de Batavia est brûlant ; l’on
ne vit que de six à huit heures du matin, et de six
heures du soir à minuit ou deux heures du matin ;
les rues étaient illuminées par des milliers de fanaux,
c’était l’heuré de là promenade ; les dames, en toilette
de bal, la tête et les épaules découvertes, venaient