un commerce d’entrepôt. Placée entre les mers de
l’Inde et celles de la Chine, elle a pu devenir un marché
où s’échangent toutes les denrées du céleste empire
contre les produits européens. Aussi, Sincapour,
destiné à n’être qu’un simple comptoir, est rapidement
devenu un des marchés les plus importants du
monde ; c’est à sa position sur le globe , à la vaste
étendue du commerce et des domaines de ses maîtres
, aux franchises de son port, que cet établissement
doit ses richesses et son importance. C’est à
Sincapour que se donnent rendez-vous les nombreuses
flottes de jonques chinoises et de praos malais
qui se confient volontiers aux tranquilles «aux des
Moluques, mais qui hésiteraient à se lancer dans les
vastes mers de l’Inde. Un comptoir européen, placé
là, à la limite que peuvent atteindre les vaisseaux de
la Chine chez qui la construction des navires est encore
dans l’enfance, ne pouvait manquer de devenir
le dépôt des principales transactions de ces peuplés ;
mais ce qui ajoute encore ici aux avantages déjà si
grands de la position de Sincapour, c’est cet immense
commerce britannique qui possède à lui seul presqüe
tous les marchés du monde. A côté de Sincapour s’élève
le pavillon hollandais, et cependant, l’établissement
de Rhio, occupé par les Bataves, semble végétèr
à peine à côté de cet essor rapide de la colonie1 anglaise
; c’est que Sincapour est admirablement placé
pour servir d’intermédiaire entre la Chine et les maîtres
de l’Inde, tandis que Batavia , le centre du monopole
hollandais, est le véritable entrepôt ou se font
les échanges des denrées d’Europe contre toutes les
productions asiatiques.
Au moment de notre passage régnait la mousson
du S.-O. ; c’était l’époque dont profitent les jonques
pour retourner à Canton. Les arrivages de la Chine
étaient suspendus jusqu’à l’époque de la mousson
du N.-E. Aussi fûmes-nous surpris de ne trouver
mouillées sur la rade que peu de barques chinoises,
tandis que nous y remarquâmes quinze bâtiments
anglais, parmi lesquels on comptait trois grands navires
de la compagnie : nous y trouvâmes encore un
trois-mâts français et un brig espagnol. Il est probable
, comme le pensait M. Bonhom, que les événements
qui venaient de se passer dans la Chine avaient
éloigné de la rade les navires de cette nation, qui la
fréquentent habituellement.
Jusqu’ici, les Anglais ne paraissent avoir attaché à
la position de Sincapoür qu’une importance purement
commerciale, sans songer à s’y créer une position militaire.
Tous les travaux de défense se bornent à rétablissement
d’une petite batterie construite sur les
bords de la mer à côté du débarcadère. Ces quelques
canons sont plutôt destinés,à rendre les,, saluts d’usage
que les navires étrangers font à la ville, ou bien
encore à prémunir la colonie contre les courses des
piratgs malais, qu’à défendre la colonie contre des
agressions européennes. La garnison de la ville se
compose de deux ou trois compagnies de cipayes qui
suffisent à peine à maintenir l’ordre dans la cité^Les
forces navales que l’Angleterre entretient sui; la rade
Vil. 7