partie des boutiques s’ouvrent sur lés quais, ou s’agite
une population nombreuse. C’est dans ce' quartier
que se trouve la pagode chinoise ; elle a été construite
aux frais des Chinois les plus riches de cette
ville, en reconnaissance sans doute des fortunes
énormes que beaucoup d’entre eux y ont déjà réalisées.
C’est un beau temple, dont toutes les colonnes
en granit sont ornées de sculptures délicates , et dans
lesquelles le dragon symbolique joue toujours un
grand rôle. Tous les édifices publics, les magasins de
l’État sont placés dans le quartier européen, ôü se
trouvent des rues larges et belles. Quelques cabanes;
construites-avec des bambous , s’élèvent sftr la lagune
marécageuse qui se trouve au fond du port. Là se trou-
vent aussi réunis une infinité de petits bateaux, qui
forment, par leur réunion, une espèce de ville flottante
habitée par les Malais. Ces hommes sont appelés, en
raison de leur manière de vivre, Orang-Laaut (hommes
de mer). Malgré la petitesse de ces bateaux, des familles
entières paraissent vivre à leur aise dans cet
espace rétréci, comme si elles étaient dans un grand
vaisseau. Les Malais exercent en général la profession
de pêcheurs èt de bateliers. On rencontre en
effet à Sincapour, comme dans toute l’Inde, les Dau-
bachis, qui spéculent sur l’arrivée des voyageurs pour
se faire leurs domestiques et leurs conducteurs; Pour
une somme très-modique, on peut avoir son Daùba-
chi, qui non-seulement vous dirige dans' les promenades
que l’on fait à terre ; mais qui possède toujours
une embarcation à votre disposition.
Nulle part la population n’est plus mélangée qu’à
Sincapour ; en outre des Européens, on y rencontre
des Chinois, des Malais, des Arabes, dés Indous,
des Malabars, et même quelques Siamois; tous spéculant
sur le commerce, l’industrie y est presque
nulle, et l’agriculture a fait peu de progrès. Cependant,
depuis quelques années, on a introduit le muscadier,
le caféier, la canne à sucre, dont on espère
retirer de grands produits. Pendant longtemps la nature
du commerce d’entrepôt, qui a fait la prospérité
de la colonie^ u suffi aux habitants; mais ensuite, la
nécessité de rendre l’île productive par elle-même
s’est fait sentir. Dans ce but, toutes les idées se sont
tournées vers la culture d’un sol riche par lui-même
et situé sous, le climat le plus favorable. Le gouvernement
de la compagnie des Indes étant propriétaire
de tout le soLqu’il a.acheté des princes malais, il a
fallu s’adresser à lui pour avoir des concessions de
terrain. Le voisinage de la Chine et de l’Inde, ces
deux grandes officines, a facilement procuré des
bras aux premiers cultivateurs et favorisé leurs entreprises.
Encouragés par le succès , beaucoup de
capitalistes ont obtenu des concessions ; leur nombre
a fini par s’accroître tellement que, suivant toute probabilité^
scettépetite île sera bientôt totalement cultivée.
Jusqu’àce jour la compagnie n’a exigé que de très-
légers impôts des concessionnaires ; mais au bout de
quinze années elle doit rentrer dans la possession
des terrains qu’elle n’a abandonnés que provisoirement.
Les cultivateurs sont aujourd’hui en instance