semblable système, qui soumet constamment le sort des individus
au caprice et à l’arbitraire ; tous désirent un changement qui
assure des garanties, mais nul n’ose le premier élever sa voix,
bien sûr qu’une démarche aussi téméraire entraînerait immédiatement
son renvoi, et le ferait déclarer incapable d’exercer
aucunes fonctions.
En l’absence de ce vice-roi, l’officier de Y Astrolabe s’adressa
à Monsieur Becq, résident de Batavia, lequel le reçut assez
froidement, et se contenta dé dire qu’il allait faire parvenir à
Son Excellence la nouvelle de l’arrivée des deux corvettes françaises.........
Dès notre arrivée, ün de nos compâtriotes, Monsieur Diard,
qui, après avoir été naturaliste voyageur sotis les auspices du
Jardin des Plantes de Paris, avait fini par rompre, lui-même,
son contrat, et prendre service chez les Hollandais, était venu
nous rendre visite, et nous l’avions accueilli, non-seulement
comme compatriote , mais encore comme un homme qui, par
métier, devait s’intéresser aux campagnes du genre de la nôtre ;
nous comptions même sur lui pour guider nos recherches dans
un pays qu’il devait avoir exploré et connaître parfaitement. Il
n’en fut pas ainsi, et même par la suite nous eûmes tout lieu de
lui attribuer, en partie, le peu d’affabilité que nous rencontrâmes
à Batavia. Vu la réputation de savant, qu’à tort ou à raison il est
parvenu à assumer sur lu i, il nous semblait tout naturel qu’il
cherchât à se rapprocher des diverses personnes de l ’expédition, à
s’enquérir de ce qu’elles pouvaient avoir rencontré de nouveau
et d’intéressant, et enfin à parler un langage dont il devait être
avide; loin de là , le cher homme oubliant le costume dont il
s’était affublé, et perdant entièrement de vue son rôle, poussé,
je ne sais par quel Vent contraire, ne parla que marine et installation
de navires, ne cessa de répéter qu’il avait vu avec beaucoup
de peine, comme Français, que nos corvettes n’étaient pas
fraîchement peintes, et qu’elles portaient des voiles raccommodées.
Cette conversation était par trop ridicule, et bièn.tôt nous nous
mîmes à hausser les épaules, chaque fois qu’il voulut revenir, sur
ce thème, chose qui lui arrivait aussi souvent que nous le rencontrions.
.....
Les étraùgers obtiennent difficilement la permission de s’établir
sur un point quelconque du littoral de J a v a , et cette faculté ,
quand elle est accordée', n’est jamais que temporaire , le gouvernement
seréservant dans tous les cas le pouvoir de la faire cesser
suivant son bon plaisir. Dans aucune circonstance, il.neleur.con-
cède la permission de se fixer dans l’intérieur de l’île, ni d’acquérir
une propriété sur le territoire. Tout étranger qu’un vaisseau
amène dans cette colonie, peut séjourner six semaines à terre sans
le moindre obstacle; c’est,le temps jugé suffisant pour qu’il puisse
sé reposer des fatigues d’un long voyage ; mais, qu’il ne croie pas;
pour cela, pouvoir circuler librement et visiter à l’aisé l'intérieur
du pays !; défense lui est faite de s’éloigner de l’enceinte de la
ville, qu’il ne saurait franchir, même de quelques lieues, sans
l ’autorisation du gouverneur général, qui ne la donne, jamais.
Une fois les six semaines de première tolérance é c o u lé e sc e lu i
qui désire prolonger son séjour doit présenter une pétition à l’autorité,
en ayant soin de la faire appuyer,,et de formuler les raisons
qui le portent à cetté démarche; alors, s’il a quelques protections,
il peut obtenir une permission d’une année, en présentant
toutefois deux individus bien famés et bien connus qui
consentent à lui seryir de caution et à répondre de lui. 11 peut
être sûr, alors, que ses démarchés seront épiées, que sa vie sera
scrutée , et que le gouvernement aura, chaque jour, connaissance
de ses actions. Sans qu’il s’en aperçoive, il sera soumis à
un espionnage constant,, et ne pourra faire un pas sans être minutieusement
surveillé. L’année expirée, s’il n’a donné lieu à aucun
mécontentement, si sa conduite n’a excité aucune inquiétude',
s’il n’a proféré aucune parole tendant à blesser une
autorité toujours ombrageuse , il pourra encore obtenir un sem