iss», aurons à enregistrer de nouvelles pertes : notre
Août. pauvre matelot tonga, Mafi, qui, depuis notre passage
à Yavao, est devenu un assez bon marin, décline
rapidement; il a suivi aujourd’hui le convoi,
et à voir ses regrets, il est facile de s’apercevoir qù’il
s’était vivement attaché à l’homme que nous venons
de perdre. C’était, en effet, un excellent sujet , d’un
caractère doux et tranquille, vivement affectionné
par ses camarades qui savaient apprécier ses bonnes
qualités. Il fut sincèrement regretté par tous
les officiers. Il était ouvrier habile, et en outre il
comptait parmi les meilleurs matelots de Y Astrolabe.
Nos dernières dispositions étaient prises pour
mettre à la voile dès le lendemain. Notre soirée fut
consacrée à faire nos adieux au gouverneur et aux
autres autorités espagnoles dont nous avions reçu un
accueil si amical. Le 6 , à six heures du matin,
nous étions sous voiles. Le courant nous entraînant
dans l?est, nous nous éloignions rapidement
de la rade, lorsque nous fûmes acostés par une
canonnière espagnole qui nous amena- MM. de la
Cruz et Acha. Ces messieurs avaient voulu une dernière
fois nous serrer la main et nous renouveler
des adieux probablement éternels*. En nous quittant
ils saluèrent chacune de nos corvettes de sept coups
de canon, qui leur furent immédiatement rendus ,
* Nous avons appris plus tard que don Mànüel de la Cruz
était mort six mois environ après notre passage. Cet officier avait
DANS L’OCÉANIE. 229
puis la chaloupe canonnière espagnole regagna le
port, tandis que nos navires, aidés par le courant,
se rapprochaient de la pointe orientale de Bassilan.
Suivant notre habitude, avant de perdre de vue les
hautes terres de Mindanao, nous récapitulerons en
peu de mots ce que nous avons appris pendant notre
relâche à Samboangan.
’ Les Espagnols ont trois établissements sur l’île de
Mindanao ; Samboangan est de beaucoup le plus important
des trois. II. est toujours commande par un
officier supérieur qui relève du gouverneur général des
Philippines* Il paraît qu’il a été choisi comme lieu
de déportation pour les criminels indiens des colonies
espagnoles; Ceux-ci sont enfermés dans le fort dont ils
ne franchissent jamais l’enceinte. Ils ne sont guère
employés q u ’a u x .travaux nécessaires à l’entretien de
cette citadelle, et j’ignore si le nombre des prisonniers
est considérable ; toutefois c’est peu probable.
La garnison deSamboangan comporte environ trois
cents hommes. Elle est chargée de la garde du fort
Saint-Philippe et de quelques autres postes exté-.
rieurs.
'été chargé par le gouvernement de Manille défaire la géographie
de l’île de Mindanao . Lors de notre séjour sur la rade de Samboangan,
il avait déjà relevé toute la partie méridionale de cette
île. Il voulut bien me laisser prendre un calque de la carte manuscrite
qu’il avait dréssée.; Ce travail, dont je pus confronter
une partie avec le mien, me parut très bon. Malheureusement
je confiai àPamiral Dumont. d’Urville, sur sa demande, le
calque que je possédais, et après sa mort je n ai pu le retiouver
dans ses papiers. Y* D.