jetèrent sa tête dans les rangs hollandais , après quoi
ils se barricadèrent et rendirent coup pour coup. Dé
nouvelles troupes arrivèrent , et on les fusilla jusqu’au
dernier.
» C’est le seul événement de ce genre que j’aie entendu
citer. Ce fait est une exception des deux côtés :
les Hollandais apportant généralement beaucoup de
bonne foi dans leurs transactions commerciales..
» A voir l’extérieur des maisons chinoises, ôn les
prendrait pour de misérables bicoques; à l’intérieur
ce sont de vastes appartements lambrissés ; les boiseries
sont couvertes de peintures charmantes quant au
coloris, mais d’un dessin détestable et sans perspective.
Ce sont des paysages dont les arbres , les oiseaux
n’ont jamais existé que dans l’imagination
fantastique de l’artiste; des vues toutes sur le même
plan. Dans la pièce principale ; se trouve , de fondation,
un petit autel sur lequel brûlent des parfums
dans des cassolettes d’un métal précieux, et de petites
bougies de. bois de sandal. Je laisse à d’autres à
décider à laquelle des mille sectes qui divisent.le
Céleste-Empire ils appartiennent , mais je n’ai jamais
visité une maison sans y trouver la large face, peinte
sur toile et sur papier, d’un gros père chinois entouré
d’êtres fantastiques. Û
» Les femmes ne paraissent jamais que dans les-
occasions solennelles, et je n’ai pu voir que la fiancée
de Makassar.
» Quand le-soleil est couché, quand les ateliers; les
magasins sont fermés, la ville chinoise n’est plus reconnaissable.
Sur toutes les petites places s’élèvent
des théâtres; des ombres Chinoises, des saltimbanques,
des danseuses amusent cette population d’abeilles
qui circule sans bruit à la lueur un peu terne
de toutes les immenses lanternes en papier huilé qui
garnissent la devanture des maisons.: |
» Nous nous mêlâmes à la foule, qui nous conduisit
tout, droit au spectacle.
» Devant des tréteaux élevés de dix pieds àu-dessus
du sol, était réunie une foule grave ,- ét prêtant toute
sou attention au drame qu’ on lui-représentait. J’aurais
donné tout au monde pour comprendre le dialogue.
Autant que j’ai pu en juger par la pantomime,
c’était l’histoire de quelque Néron chinois qui finissait
par être détrôné et mis à mort par un vertueux et
noble guerrier. Le tyran était un bon gros père à
triple menton, qui, pour donner à sa débonnaire
figure toute la férocité de l’emploi, s’était barbouillé
de noir de fumée. Il était vêtu d’une longue robe de
soie à grands ramages, serrée à la taille par un ceinturon
qui soutenait un monstrueux sabre de bois ; sa
tête était Couverte d’une couronne en papier doré.
La scène était occupée par des hommes et des
femmes qui déclamaient en fausset et d’un ton traînant
et criard. G’étaient des lamentations qui paraissaient
produire beaucoup d’effet sur l’auditoire. Le tyran
inflexible, mettait à sac tout ce qui l’entourait, et,
malgré les pleurs d’une charmante princesse, laquelle
larmoyait à fendre un Coeur dé roché, le barbare allait
poursuivre son oeuvre de mort, quand apparut lé