habitants des montagnes, mais même contre celles de
ses propres sujets. Datou-Molou me promit de désigner
plus tard une aiguade pour y renouveler notre
eau et d’envoyer à bord de nos navires tous les animaux
qu’il pourrait se procurer. Il m’assura qu’en
dehors des animaux domestiques, l’île ne possédait
que quatre espèce de quadrupèdes, savoir : des antilopes,
des singes, des rats et des chauves-souris.
«On dit qu’autrefois, ajouta-t-il, il y avait des éléphants
dans un des districts de la côte méridionale,
mais, aujourd’hui, je certifie qu’il n’y en a pas ; je certifie
qu’il n’y a ni éléphants, ni animaux féroces. » Sur
ma demande, il m’assura aussi que le véritable nom
de l’île dans la langue du pays était Soog. Les Espagnols
l’appellent HoLo, et toutes les autres nations
la désignent sous le nom de Solo. La langue de cette
peupladè diffère considérablement du Malaïo et du
Bisaïa; elle s’écrit en caractères arabes. Tous les habitants
des côtes comme ceux de l’intérieur sont maintenant
Islams (mahométans).
Après cette conversation, le sultan fit placer sur la
table, pour nous les offrir, une grande quantité de cigares
de Manille ; les consommateurs les trouvèrent
fort bons. Cette politesse, à laquelle je ne m’attendais
pas, je l’avoue, me fit abréger la séance. Je me levai, et,
après avoir salué le sultan, je sortis du dalem, toujours
accompagné par Datou-Molou ; ce chef, ne me quitta
la main que lorsque j’eus rejoint mon embarcation.
Le sultan me parut être un homme âgé de quarante
à quarante-cinq ans; il était petit de taille, et
rien dans sa mise n’indiquait son rang. Il était vêtu
comme tous les Malais de la classe aisée, d’une
grande robe d’indienne à petits dessins. Sur sa tête
il portait un mouchoir rouge en guise de turban;
son regard paraissait étranger à la dissimulation,
mais il était aussi dépourvu de vivacité et d’énergie.
Sa figure contrastait singulièrement avec celle des
hommes qui nous entouraient de manière à nous
empêcher de faire aucun mouvement. Avec un pareil
entourage, le sultan eût-il eu, comme les Européens
le lui accordaient , les intentions les meilleures de
nous être agréable, il lui était impossible de les manifester,
si elles blessaient les idées et les méfiances de
ses sujets ; aussi je crois qu’il vit arriver avec plaisir
la fin4e la conférence. Mon intention était de faire
exécuter sous ses yeux quelques manoeuvres militaire
par nos détachements ; mais, à ma sortie du
dalem, il régnait dans la population une efferves-
sence si grande, que je donnai immédiatement le
signal du départ. La foule toujours menaçante de
ces bandits nous accompagna jusqu’à nos embarcations,
et nous avions déj ci quitté le rivage que nous
entendions encore les cris qu’ils poussaient en nous
voyant échapper à leur fureur. Sans aucun doute,,
sans l’intervention des datons, qui firent tous leurs-
efforts pour calmer le peuple, nous eussions été attaqués
par ces hommes féroces que la vue de nos canons-
ne contenait que modérément.
En quittant le rivage , deux officiers que j’avais
autorisés , sur leur demande , à rester à terre , fu