S t . Une fois dégagés de la baie, nous continuâmes à
longer la bande nord de l’île Solo; mais les calmes
contrarièrent notre marche. La terre offrait un aspect
des plus pittoresques et des plus variés; de
belles montagnes de forme conique surmontaient
des plaines vastes et en apparence fertiles. Nous apercevions
de nombreuses petites cases blanches sur les
pentes des coteaux, au milieu de tapis de verdure
ressemblant à des prairies. La partie orientale de
l’île , parsemée de belles clairières, semblait surtout
riche en pâturages. Il était presque nuit , lorsque
nous aperçûmes la baie de Tulian, qui présenté# dît-
on , un mouillage bien préférable à celui que nous
venions de quitter. L’île Bitinan, restée par notre travers
sur tribord, et les deux petits îlots appelés Duo-
Bolod se dressaient devant nous lorsque la nuit nous
surprit. Je donnai la route au nord.
26 Dans la matinée du lendemain, nous nous trouvâmes
en vue des hautes terres de l’ffe Bassilan; derrière
nous, nous apercevions encoreItiiDuo-Bolod.
Toute la journée fut consacrée à faire la reconnaissance
de ce nombreux groupe de petites îles qui s’étendent
à l’ouest de Bassilan*.. Nous eûmes rapidement
dépassé l’île Pilas, et nous entrâmes, dans le détroit
de Bassilan. L’île de ce nom, surmontée par de belles
chaînes de montagnes, est d’un aspect des plus agréables
; elle présente de vastes plaines dans sa partie occidentale
; toutes sont couvertes de forêts. Nulle part,
sur la côte , nous n’aperçûmes d’habitation.
Nous étions fort peu éloignés du rivage septentrional
de Bassilan, lorsque les calmes nous lais- ms.
Sèrent à la mérci dés courants. Deux brigs de Commerce,
portant pavillon anglais, traversaient le détroit,
faisant route dans l’est, nôus léè perdîmes
de vue lorsque la nuit arriva; ils continuèrent leur
route, tandis que je faisais tous mes efforts pour ne
pas nous éloigner de Samboangan, sur la côte de
Mindanao ; nous apercevions alors les maisons blanches
de la ville ; quelques milles seulement noüs en
séparaient, et je comptais y mouiller le lendemain
de grand matin; mais j’avais compté sans les courants
de marée, qui ne sont peut-être nulle part
plus rapides que dans ces parages. Pendant la nuit, 27
ils nous drossèrent sur la côte occidentale dé Mindanao
malgré tous nos efforts ; il nous fallut ensuite attendre
jusqu’à une heure de l’après-midi, époque du
reversement de la marée, pour nous rapprocher dû
mouillage. Nous aperçûmes de nouveau deux trois-
mâts de commerce anglais faisant route pour Manille
et qui traversaient le détroit. Enfin, aidés par le Courant,
nous ralliâmes promptement les deux îles de
Santa-Cruz, qui forment,' avec la côte dé Mindanao,
le mouillage de Samboangan.
Il était Sit heures du soir lorsque XAstrolabe tomba
tout d’un coup sur un banc de corail ou la sonde accusa
quatre brasses d’eau seulement. Nous étions
encore à une assez grande distance de Samboangan *
la marée était sur le point de reverser , et les courants
, nous devenant de nouveau contraires, allaient
nous ramener dans l’ouest et nous faire per