terre dans la journée, afin de visiter la ville; mais
elles ne purent parcourir l’intérieur que sous la tutelle
d’un chef des montagnes qui les protégeait de
son escorte. Les cuisiniers et les domestiques purent
aussi descendre librement sur le rivage, mais on ne
les laissa point pénétrer au delà de l’enceinte de palissades
qui entoure la ville. Toutefois» sur le rivage,
ils trouvèrent de nombreux marchands qui leur fournirent
les provisions qu’ils allèrent chercher. L’un
d’eux, qui aurait franchi la limite désignée parles da-
tous, serait arrivé, d’après son récit, sur une place
où se tient le marché de la ville , et là un conflit se
serait élevé parmi les naturels. Déjà les lances , ,dont
aucun de cés individus ne se dessaisit jamais, auraient
été enjeu, lorsqu’un marchand aurait engagé le domestique
à se retirer. Du reste, il paraît que ces querelles
sont excessivement fréquentes. Le peuple de
Solo est livré à l’anarchie la plus complète. Il ne
connaît d’autre loi que celle, du plus fort ; et lorsque
ces hommes en viennent aux mains, la garde du
sultan est rarement suffisante pour mettre fin au désordre.
Bien que les craintes' des habitants commençassent
à se calmer, bien que les datous répétassent constamment
aux officiers qui allaient les visiter que
nous pouvions descendre librement à terre dans
leurs maisons, et qu’ils désiraient vivement me
recevoir chez eux, je ne fus point tenté d’y aller.
Ce camp de pirates ne m’inspirait que du dégoût;
d’un autre côté, les calmes qui avaient succédé
aux vents de S.-O. nous avaient amené une prodigieuse
quantité de moustiques qui rendaient le séjour
de la rade insupportable; en outre, l’on m’avait prévenu
que les rivages de Solo étaient sujets à des
fièvres épidémiques et fort dangereuses ; j’avais hâte
de quitter cette terre inhospitalière, et je fixai l’é-
poque du départ au lendemain matin, comptant
compléter notre provision d’éau dans la journée.
Au soleil levant, les navires espagnols dé la rade
saluèrent la fête de leur reine régente de sept coups
de canon , sans que les naturels parussent s’émouvoir
de cette «salve. Plusieurs officiers de nos corvettes,
qui avaient passé la nuit à terre dansTes maisoné des
datous, rentrèrent à bord ; ils furent remplacés par
d’autres qui, pour visiter l’intérieur^ employèrent
la même voie. Le sultan, fidèle à sa promessej nous
envoya en cadeau deux boeufs, un axis, un nycticèbe,
un paradoxure, un chevrotin, une colombe et plusieurs
paniers de fruits. Lés échanges continuels que
les naturels venaient proposer à bord de nos navires
nous procurèrent encore quelques objets d’histoire
naturelle. Enfin les communications entre nos corvettes
et la terre paraissaient être le mieux établies
possible.- Un instant j’espérais que les datous, que j’avais
conviés à dîner, se rendraient à mon invitation,
mais la soirée se passa sans que je les visse venir.
Les officiers qui étaient allés à terre ne rentrèrent
que très-tard. Quelques-uns avaient pu parcourir W
ville sans être inquiétés. M. Gervaizefut le seul qui
pût, sous la protection d’un chef, visiter l’intérieur de
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