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Juillet. terre basse et boisée, dominée de distance en distance
par de petits monticules. Dans l’intérieur,
nous aperçûmes quelques sommets de hautes montagnes
généralement couvertes d’arbres jusque dans
les pârties les plus élevées. Je ne m’estimais alors
qu’à une petite distance de l’embouchure de la rivière
Sambas; mais nous avions été drossés la veille
par des courants tellement rapides, que je ne devais
pas compter sur notre latitude estimée. Malheureusement
le temps était couvert, et nous étions trop loin
encore de midi pour que les observations astronomiques
pussent faire cesser toute incertitude. Je dus
continuer à m’élever dans le sud en interrogeant du
regard tous les points delà côte que nous parcourions.
Enfin, nous aperçûmes la rivière. Son embouchure
est dominée par une montagne conique assez
remarquable, et qui eût été un excellent point
de reconnaissance pour nous , si nous l’eussions
connu d’avance. Favorisés par une belle brise, nous
ne tardâmes pas à nous rapprocher de la côté ;
mais nous en étions encore éloignés d’au moins trois
ou quatre milles, lorsque la sonde ne rapportant
plus que huit brasses de fond, je donnai l’ordre de
laisser tomber nos ancres. Il était alors à peu près
midi, je ne pouvais entrer dans la rivière, et notre
mouillage était trop mauvais pour songer à y faire
un séjour de quelque durée. Je voulus au moins
utiliser le reste de la journée en envoyant à terre
MM. les naturalistes. Les deux grands canots furent
mis à la mer, et bientôt ils atteignirent l’embouchure
de la rivière, qu’ils ne quittèrent ensuite
que dans la soirée, pour gagner le bord. Il était près
de minuit lorsqu’ils rallièrent. Le grand canot de
Y Astrolabe, commandé par M. Demas, et qui portait
l’ingénieur avec tous ses instruments de physique,
fit une course à peu près inutile. Il constata, il est
vrai, qu’il restait fort peu d’eau sur la barre de la
rivière (deux brasses ou dix pieds), mais il ne prit
terre nulle part. M. Demas remonta son cours l’espace
d’environ deux milles, et trouva constamment
le rivage envahi par les palétuviers dont le pied baigné
par les eaux était recouvert par une vase noire et
fétide. Les officiers de la Zélée furent mieux avisés,
ils débarquèrent sur une presqu’île où ils purent collecter
quelques échantillons précieux d’histoire naturelle.
M. H. Jacquinot faisait partie de la corvée, et
c’est à lui que revinrent les honneurs de la journée;
il rapporta un très-beau singe d’une espèce rare, et
qui était vivement désiré pour le Muséum de Paris.
Yoici le récit qu’il me fit de sa fructueuse course :
« .... A Banjer-Massing, il nous avait été donné de
fouler pendant tout un jour la terre de Bornéo, mais
ici e’ëst pendant une heure ou deux seulement que
nous devons essayer de soulever un coin du voile qui
environne cette île mystérieuse.
»Nous sommes à l’embouchure delà rivière de
Sambas, les navires ont jeté l’ancre, un canot de
Y Astrolabe est envoyé pour reconnaître la direction
que suit le fleuve avant de se jeter dans la mer. Un
canot de la Zélée l’accompagne et doit prendre terre