1639.
Juillet. » Bornéo produit beaucoup de Sagou *, il existe des
contrées telles que Meliouw où il existe des forêts
entières d’arbres qui produisent cette denrée. Rarement
le sagou coûte plus d’un florin les quatre picols
dans les lieux où se fait la récolte; il est beaucoup
plüs abondant sur la côte occidentale que sur la côte
septentrionale ; les Bougines nourrissent souvent
leurs esclaves exclusivement avec du sagou. On en
exporte une grande quantité sur les côtes malaises
où 1 on sait en faire un bien meilleur usage.
» Le blé de Turquie, connu dans le pays sous le nom
de Jagon, est un des principaux aliments des Malais
et des Dayaks; cette plante s’élève à une très-grande
hauteur ; on en mêle le grain avec du riz pour le
broyer et préparer la pâte qui sert d’aliment aux indigènes:
cette nourriture se trouve toujours dans le
pays à des prix peu élevés.
» Jadis on avait planté dans l’île en très-grande
quantité la liane qui produit le poivre ; mais aujourd’hui
cette plante a presque disparu, et sur la côte
Ouest il est très-rare de la rencontrer. Le poivre dit
de Bornéo n’existe pas, celui que l’on y vend est importé
par les marchands.
» On trouve dans Bornéo une espèce de patates que
l’on désigne sous le nomdeO?fe,- les Chinois sont les
seuls qui la cultivent comme aliment, ils en font un
usage fréquent, toutefois les Malais en sont aussi très-
friands. Ils la préparent en la grillant sur le feu après
l’avoir coupée en petites tranches. Cette racine ainsi
Sa gu s fa rinife ra .
préparée a un goût agréable. Les Malais recherchent
surtout cette patate lorsqu’ils ont des voyages à faire.
Cet aliment devient alors très-précieux , pour eux
parce qu’ils peuvent en emporter de grandes provisions.
» Nous ne parlerons pas des légumes qui croissent
sur l’île de Bornéo, ils ne donnent lieu à aucun commerce
soit extérieur soit intérieur, on ne les cultive
qu’en très-petite quantité ; mais nous énumérerons
les différents arbres que l’on rencontre dans les forêts,
et dont les indigènes tirent un grand profit.
» On remarque dans les forêts de l’ouest beaucoup
de Camphriers. Le camphre de Bornéo jouit d’une
grande réputation méritée comme étant d’une excellente
qualité. On le paye environ 50 florins les quarante
picols et à ce prix on s’en débarrasse facilement.
Il s’en fait un commerce considérable dont les Chinois
ont presque le monopole. Ils l’achètent aux indigènes,
puis ils le chargent sur les jonques qui vont
l’emporter dans le Céleste Empire.: On en exporte
aussi à Sincapour où les Anglais l’achètent pour les-
marchés d’Europe.
» Le Benjoin, comme le camphre, se rencontre dans
les forêts de Bornéo en quantité considérable. On
l’exporte principalement à Java ; il s’en consomme
beaucoup dans les temples d’idoles où il sert comme
l’encens à parfumer.
» Au sud de la ligne équatoriale on trouve une grande
quantité de joncs et de rotins parfaitement propres»
à faire des cannes. On en distingue plusieurs espèces
1SS0.
Juillet.