français de visiter ces îles ; mais si dorénavant les
naturels se comportent bien, si le sultan de' ces îles
veut bien promettre aide et protection à nos bâtiments ,
ils pourront désormais faire un commerce suivi avec
sa population. » Le ministre répondit : qu’en effet
la lettre dont je faisais mention avait été adressée au
roi des Français par un navire marchand, puis il se
confondit en salutations ; mais il n’osa point me promettre
la protection que je demandais. Je voulus ensuite
savoir quels seraient les articles de commerce
que nos nationaux pourraient venir charger dans ces
îles, et quels seraient les objets qu’ils devraient apporter
en retour. « Il nous faut des étoffes, du drap,
de la quincaillerie et toute espèce d’objets d’industrie,
me répondit le ministre, et nous donnerons
en échange de la nacre, des perles, de l’écaille, du tri-
pang et des nids d’hirondelles ; » il insista surtout sur
ce dernier article qui est d’un très-bon débit sur les
marchés chinois.
J’avais fait apporter plusieurs objets de nos manufactures
que je comptais offrir au sultan, au nom du
roi et comme témoignage de ses intentions amicales. ‘
Je choisis ce moment pour faire étaler ces présents
sur la table et sous les yeux du sultan ; ils consistaient
en douze mètres de drap écarlate, une paire
de pistolets à pierres, gravés richement sur argent,
une lunette à six tirages et enfin d’autres objets de
moindre valeur. Le sultan ne parut pas accorder
une grande attention à ces divers objets,-tandis que
ses acolytes paraissaient les convoiter avidement^
Son fils, jeune homme grand et bien fait, dont les
vêtements, à l’orientale, brochés d’or, contrastaient
avec- là mise simple du ; père| saisit les’ pistolets et
parut les examiner avec plaisir; ihs’informa ensuite
de l’üsage de chacun des objets. Celui de la lunette
parut le charmer beaucoup. Tous les assistants regardaient
cës présents avec convoitise, et , à voir l’air
craintif et embarrassé du sultan , il me sembla qu’il
ne resterait pas longtemps possesseur de ces objets,
dont son autorité contestée ne pourrait point empêcher
le partage.
-Voyant que mon auditoire était bien disposé par
lés Cadeaux que j’avais faits, je fis comprendre au
sultan que ma mission étant d’étudier toutes les productions
naturelles des pays que nous visitions,
j’attachais un grand prix à pouvoir me procurer
tous lès animaux de l’île, et je désirais surtout que les
naturalistes pussent, en toute sûreté, parcourir le
pays pour y ramasser des plantes et des minéraux.
Mais à cela le ministre me répondit que c’était tout
à fait impossible ; le sultan redoutait qu’il n’arrivât
quelques accidents à mes officiers, s’ils s’aventuraient
dans les montagnes sans une escorte suffisante
pour les faire respecter ; et lorsque j’objectai
qu’un seul homme de la garde du sultan pourrait
mettre nos naturalistes à l’abri de tout danger, le
ministre fut obligé de m’avouer que l’autorité du
sultan n’était que nominale, et qu’il lui serait impossible
de prémunir les étrangers- qui s’aventureraient
à terre, non-seulement contre les attaques des