afin d’obtenir la propriété définitive, sauf à payer un
impôt plus fort. Tout porte à croife qüe la compà-
gnie adoptera prochainement le Système suivi par le
gouvernement anglais dans ses coloûiès de l’Australie.
La prospérité agricole de Sincapour dépend de
cetté décision. La compagnie elle-même a intérêt à
ce qu’il en soit aiiisi, Car elle fie retirerait rieh dé sës
terrains, s’il ne se présentait personne poür lès exploi- .
ter. Lorsque l’île sera entièrement en rapport, l’essor
qu’auront pris les entreprises agricoles ne pourra pas
s'arrêter là ; les capitalistes tourneront leur activité
vèrs le continent adjacent où il reste encore tant dé
forêts à défricher et dés terrains féconds à exploiter.
De temps à autre, lès plantations sont fréquëïnttiéïit
ravagées par les tigres qui viennent à la nage dü continent,
et qui, dit-on, abondent dans T île. « Ils rôdent,
dit M. Dubouzet, jusque près des biaisons de campagne
les plus voisines de la ville. Quelques jours
avant nôtre arrivée, ùn Malais,avait ’été dévoré par un
de ces féroces animaux, et on m’assura que Ces accidents
étaient assez fréquents. Lés Malais, par uhe idée
superstitieuse, ne cherchent à les détruire que lorsqu’ils
ont dévoré tin membre de leur famille. Si Sincapour
n’étàit habité que par ëüi, les tigres feraient
ebcbre pendant longtemps la désolation dé l’île ; <
mais heureusement les Chinois n’oht pas les mêmes
idées. L’intérêt, toüt-püissant pour èux, lès porte à
léür faire là Chassé, bien plus enCorè què leur
propre ConServatioh. La Chair, et toutes lèS parties
du corps dë cét animal, Sbht très-âpprêciéès dans lè
céleste empire ; on leur attribue deS qualités merveilleuses
qui les font rechercher dés gourmets ; la
peau est regardée comme ün ornement précieüX, la
graisse, les entrailles, et Surtout là cervelle, sont des
agents appelés à jouer un grand rôle dans la pharmacopée
chinoise. On croit, en Chine, qu’ett mangeant
cëtte chair, on acquiert une partie de la vigueur
musculaire et du Courage de l’animal ; aussi, on là
conservé avec grand soin pour lâ vendre à un prix
élevé sur le marché de Canton. On cite, à Sihcapour,
un Chinois comme ayant fait sa fortuné avéC un de
ces animaux qu’il avait eu lé bonheur de détruire. Il
avait réussi, fen le détaillant, à faire monter le prix
de ce gibier à l’énorme somme de 350 piastres (pr£s
de 2,000 fr.). Ces goûts si singuliers dés Chinois,
éviteront probablement au gouvernement anglais la
nécessité de donner une prime pour détruire les tigres.
Lorsque l’île sera entièrement défrichée, il est
probable que ces animaux ne S’aventureront plus
guère à y vefair du continent, é | qu’ils ne forceront
pas la pacifique Sincapour à établir des postes militaires
pour repousser une pareille invasion. »
Tous les navigateurs qui ont visité Sincapour en ont
vanté la beauté et la prospérité ; ainsi que le merveilleux
accroissement de cette moderne Tyr, dont la
fondation ne remonte qu’à une trentaine d’années ;
c!est, en effet, un des plus beaux résultats qu’ait Ob-
tenus la puissance britannique si habile à coloniser.
La position de Sincapour est, sans contredit, une dès
plus heureuses du globe, et des plus favorables pour